Reconnaissance n Y a-t-il meilleur hommage à un Maître que celui rendu par son propre élève ? Le jeune talent Lotfi Djennas l'a fait la semaine dernière, à la salle des fêtes de Koléa (Tipasa). A 22 ans, ce jeune talent chaabi veut montrer que ses maîtres ne se sont finalement pas trompés en le choisissant. L'un de ses Maîtres, le musicien Abdelkader Louda, a été honoré lors de la 3e soirée ramadanesque qu'a organisée cette année la commune de Koléa en collaboration avec le comité des fêtes de la ville en hommage à quatre musiciens. Abdelkader Louda a été très ému lorsqu'il a entendu le jeune Lotfi chanter le k'cid qu'il a écrit. Intelligent ,le jeune a choisi le moment pour dire merci à l'un de ses maîtres. Lotfi Djennas qui soufflera sa 22e bougie le 24 septembre prochain, a pu imposer sa voix qui se rapproche beaucoup de celle de cheikh Bourdib. Il a déjà ses mélomanes dans la région centre, à Alger, Blida et Tipasa en particulier. Sérieux et rigoureux, le jeune artiste se comporte tel un cheikh déjà rodé dans la chanson chaabie. Ce natif de Bir Mourad Rais (Alger) qui vit actuellement à Blida, prépare un diplôme universitaire en biologie. Il est très sensible à Cheikh Kamel Bourdib et à l'école ankaouie. D'ailleurs, sa voix laisse transparaître toute son énergie pour atteindre celle du maître Bourdib. Durant la soirée, Lotfi est directement entré en scène avec deux «insirafate», suivis d'un k'cid intitulé ‘Ya rab el arch ya chafi ya afi' de Lakhdar Benkhlouf. Le jeune talent n'a pas fini de séduire son public ni les mélomanes parmi les artistes professionnels. Il n'a pas manqué d'ailleurs de remercier un autre maître qui l'encourage à ce jour, Cheikh Abdelkader Louda,auquel il était rendu un hommage ce soir-là. Ce merci, il l'a exprimé à travers un k'cid tawassoul 'Ya m'djéyet lewdjoud errahma ya maaboud' que maître Louda a écrit. «J'ai déjà chanté ce k'cid de maître Louda à plusieurs occasions», nous a déclaré le jeune chanteur. Lotfi Djennas nous a révélé qu'il a intégré le domaine du chaabi grâce à ses oncles maternels, des mélomanes de chaabi qu'il qualifie de vrais «douakine» et avec lesquels il assistait aux fêtes et soirées. Il s'est inspiré de Kamel Bourdib au début jusqu'à la manipulation de son premier instrument «el mizane» (derbouka) et le suivi d'un refrain dit dans le jargon chaabi «El khmaza». «J'imitais beaucoup Cheikh Kamel Bourdib. C'est à partir de là, que ma voix a été découverte et j'ai été encouragé et à ce jour j'ai la chance d'être encadré et encouragé par des professionnels à l'image de Abdelkader Louda, Cheikh El-Foudil, Kamel Bourdib, Dahmane Aïssaoui, des chanteurs de Sidi Lakhdar (Mostaganem) et beaucoup d'autres.» Il a animé sa 1re soirée à l'âge de 19 ans pour totaliser une soixantaine de représentations sur scène à l'échelle nationale. Lotfi dit être décidé à continuer sur cette voie, mais tout en poursuivant ses études. «Il faut savoir concilier les études et le chaabi que j'aime beaucoup.» La soirée dédiée à cheikh Louda Abdelkader a été, pour rappel, inaugurée par la troupe Zorna du jeune Chiali et animée jusqu'à une heure tardive par le grand Cheikh Abderrahmane El-Kobbi accompagné par l'orchestre pilote de la ville de Koléa et le jeune sonoriste Baghdad Izri qui a le son dans le sang.Le Cheikh a attiré une très grande foule de mélomanes (hommes, femmes) dont beaucoup étaient très impatients de l'écouter pendant des heures sans se lasser.