Trafic n La superficie du cimetière d'El-Alia est passée de 120 ha à 70 ha. Les bénéficiaires sont multiples : du simple citoyen demandeur d'un terrain à bâtir, à certains ex-élus, en passant par la mafia du foncier. «Tout le monde a trempé le doigt dans le miel. Chacun a eu sa part du gâteau», résume un citoyen au fait de l'historique de la commune de Oued-Smar et, particulièrement, le cimetière de la commune. Effectivement, l'assiette de terrain destinée aux inhumations a été «détournée» de sa vocation initiale. Le coup de starter, c'est l'APC de Oued-Smar qui l'a donné. Ainsi, cette administration s'approprie 9 hectares pour bâtir un lotissement et attribue 281 lots de 168 mètres carrés chacun dans le cadre de l'auto-construction. En dernier lieu, elle cède 106 lots à des nécessiteux, créant ainsi un véritable imbroglio. Les services de l'ex-Cpva, gestionnaire à l'époque des cimetières avant la création de l'Egpfc, saisissent le wali d'Alger par courrier le 16 décembre 1989, lequel ordonne immédiatement l'arrêt des constructions et fait intervenir la police de l'urbanisme. L'ex-Cpva ne s'arrête pas là. Il poursuit l'APC de Oued Smar devant la section administrative du tribunal d'Alger, qui statue en faveur du plaignant en date du 25 novembre 1991. Et depuis, c'est la bureaucratie qui prend le relais. Les magouilles, les transactions et toute une panoplie de passe-droits. Des constructions s'élèvent à tout-va, des lots de terrain passent de main en main contre une rétribution bien sûr, l'ordonnance 75/79 du 15 décembre 1975 et plus particulièrement son article 3 qui interdit toute construction au sein des cimetières et leurs alentours est mise aux oubliettes par tous. L'hémorragie se poursuit malgré la promulgation de l'ordonnance 90/25 qui décharge les APC en matière d'attribution de lots de terrain à bâtir. L'APC de Oued Smar qui fait fi de cette contrainte persiste dans la délivrance des arrêtés d'attribution jusqu'en 2001. Mais aucune autorité ne daigne à ce jour établir des actes de propriété aux bénéficiaires qui vivent dans la crainte d'être dépossédés de ce qu'ils considèrent être leur bien. La circulaire numéro 293 du 31 juillet 2004 de l'ex-wali d'Alger est venue pour mettre de l'ordre dans la «maison». Le service des domaines, un autre élément du puzzle est chargé par le premier responsable de la wilaya de prendre en charge ce dossier. Une commission d'assainissement est alors instituée au niveau de la daïra d'El-Harrach. Après avoir été instruit, le dossier du cimetière d'El-Alia retourne avec les conclusions des domaines en date du 21 août 1996 sur le bureau du wali d'Alger. Depuis, c'est le silence radio. Personne ne semble prendre en charge ce dossier, puisque le Cpva, principal antagoniste dans le conflit, est dissous en 1997. L'Egpfc, chargé de prendre l'actif et le passif du Conseil populaire de la Ville d'Alger, se considère non concerné par ce contentieux. Son premier responsable, refuse catégoriquement de recevoir la presse à ce sujet. C'est alors, un véritable casse-tête. Des citoyens dans l'expectative, une APC qui voudrait aller au bout de son raisonnement, puisque les sites ont été viabilisés. Il est à espérer que les choses bougeront positivement pour mettre un terme à cette mascarade qui semble s'éterniser. Sans léser bien sûr les… morts.