Le développement d'une industrie agroalimentaire en Algérie ne peut se faire sans jonction entre le secteur de l'industrie de transformation et le monde agricole. Pour cela, il est nécessaure d'élargir la concertation et de mettre en place une synergie entre tous les acteurs. C'est là le vœu exprimé récemment par le président du Forum des chefs d'entreprises, Réda Hamiani, lors d'une rencontre organisée à Alger autour du thème «Le renouveau de l'économie agricole et le secteur alimentaire en Algérie». Le patron du FCE a fait un constat «peu reluisant» et sans complaisance de la situation actuelle du secteur de l'agro-industrie, dont il a affirmé qu'il est «déphasé» et que son déphasage «a été aggravé par le libéralisme à la mode algérienne», qui fait aujourd'hui qu'il est «plus facile pour un chef d'entreprise algérienne d'importer les intrants et la matière première que de chercher des complémentarités et de l'approvisionnement au niveau local». Pour M. Hamiani, «une avancée notable a été constatée en termes de compétitivité du secteur agro-industriel, mais cela reste confronté au délitement du secteur agricole en Algérie». Les industriels estiment que la production dans son état actuel ne répond pas totalement aux besoins de l'industrie de transformation qui a besoin, dans certains cas, de produits aux spécificités bien précises. Dans ce cadre, les contraintes relevées par les investisseurs sont nombreuses. Un opérateur économique a cité le cas de la transformation de la pomme de terre, dont il a soutenu qu'il faut au moins «4 à 5 ans pour homologuer une variété de pomme de terre destinée à la transformation». Les carences sont également observées en matière d'infrastructure de stockage. «Il faut au moins 5 millions de mètres cubes comme capacité de stockage pour l'infrastructure du froid, alors que nous sommes à 1,7 million de mètres cubes seulement dont 30% sont à réhabiliter», a-t-on souligné. Pour combler le décalage entre le secteur agricole et le monde de l'industrie de transformation en Algérie, M. Hamiani affirme que les acteurs dans le domaine agricole «doivent se mettre à niveau», en insistant sur la nécessité de mettre en place «un mécanisme incitatif pour que l'agro-industrie se tourne vers le monde agricole». Cela ne sera pas évident du fait que «le secteur agricole est émietté, en dépit des apports du Pnda». On estime que le secteur agro-industriel ne contribue qu'à hauteur de 3% à 5% au PIB de l'Algérie.