Résumé de la 2e partie - Ludwig Sturm informe la police de l'assassinat de ses parents. Le lieutenant Hofmann l'interroge... Je dormais. J'ai entendu du bruit dans la chambre des parents. J'y suis allé. Je me suis heurté à deux hommes qui s'enfuyaient. Ils m'ont bousculé. Le temps que je leur coure après, ils s'étaient enfuis. Je suis retourné dans la chambre et j'ai découvert... ce que vous avez vu. — Leur signalement ? — Je ne sais pas. Ils avaient des passe-montagne. — Et par où sont-ils partis ? — Par la porte. Le lieutenant réfléchit, tandis que Ludwig Sturm se prend la tête dans les mains, secoué de sanglots sans larmes... Il est terriblement mal à l'aise. Il aimerait que tout cela colle, mais cela ne colle pas. Ces deux hommes en passe-montagne font penser à des professionnels. Or, pas un cambrioleur digne de ce nom n'irait dans une maison où se trouvent quatre personnes. Il se renseignerait d'abord. Alors, des tueurs ? Cela ne va pas non plus. Après leur double meurtre, ils seraient allés jusqu'au bout. Ils ne se seraient pas enfuis à l'arrivée du jeune homme, ils l'auraient assassiné, ainsi que sa sœur... Une femme d'un certain âge, aux cheveux gris, toussote au seuil du salon, l'air gêné. — Excusez-moi, lieutenant, mais j'aimerais vous parler. — C'est urgent ? — Oui, c'est urgent. — Vous êtes ? — Mme Becker. Je suis la voisine. — Eh bien, je vous écoute, madame Becker. Mais au lieu de parler, la voisine baisse les yeux, embarrassée. — C'est que j'aimerais vous parler... à vous seul. Gregor Hofmann jette un coup d'œil à Ludwig Sturm. Le jeune homme s'est raidi et une lueur de crainte est passée dans ses yeux. — Voulez-vous nous laisser quelques instants, monsieur Sturm ? Ludwig Sturm, sans un mot, déplie sa longue carcasse et quitte la pièce. Mme Becker prend place sur le fauteuil qu'il vient de quitter et se met à parler à voix basse. C'est un affreux malheur, et je crains que ce ne soit plus affreux encore. — Expliquez-vous. — Il y a une demi-heure, j'ai entendu du bruit chez les Sturm, des cris et des coups sourds... Il faut vous expliquer que je souffre d'insomnie. Bref, j'ai été à ma fenêtre. La chambre de M. et Mme Sturm était allumée. Le bruit a continué pendant encore une minute ou deux et puis, plus rien. — C'est tout ? Avez-vous pu voir quelqu'un ? — Non, personne n'est sorti de chez eux. — Vous en êtes sûre ? Certaine. A moins que ce ne soit par la fenêtre opposée à mon pavillon. Mais pas par la porte, en tout cas. Le lieutenant Hofmann a encore dans l'oreille la réponse de Ludwig à sa question : le jeune homme a donc menti. Pourquoi ? Il n'ose pas formuler le soupçon qui lui vient à l'esprit. Il prie Mme Becker de rentrer chez elle et fait venir de nouveau Ludwig Sturm. Il lui résume en quelques phrases la conversation qu'il vient d'avoir avec le témoin et conclut par un seul mot : — Alors ?... Le lieutenant Gregor Hofmann s'attend à des explications confuses de Ludwig, mais ce n'est pas le cas. Il redresse au contraire la tête. Il n'a plus du tout l'air du fils de la meilleure famille de la région, de l'héritier richissime promis à un brillant avenir. Il ressemble tout à coup à une bête sauvage acculée par des chasseurs. (A suivre...)