Expression - La calligraphie arabe est à l'honneur au musée du palais Mustapha-Pacha (Casbah) à travers une exposition collective réunissant trois artistes, chacun avec sa sensibilité et son imaginaire. Chacun d'eux occupe une pièce au premier étage de cette belle demeure qui date de l'époque ottomane. Cela suppose que l'approche et les techniques sont différentes, mais que l'art en soi reste authentique. Il l'est certes, cependant avec une touche personnelle, une empreinte contemporaine. Les artistes évoluent dans un travail favorisant plutôt l'innovation qu'au mimétisme traditionnel. Chacun y apporte son inspiration. C'est ainsi que Farah Laddi, une autodidacte, confère à la calligraphie arabe ses plus beaux caractères et ses élégants tracés, en l'inscrivant sur et sous verre. L'on n'est plus sur les supports traditionnels, tels que la surface du papier ou celle de la toile. Ses créations – elles sont au nombre d'une vingtaine – sont aussi bien lumineuses que colorées. La palette est scintillante, généreuse. L'artiste a su donner à chacune des lettres calligraphiées – les unes le sont en relief, les autres sous verre – sa joliesse, sa noblesse, son attrait, le tout apparaît dans un faste d'une extrême richesse visuelle. Les lettres prennent merveilleusement et courtoisement leur envol. Si dans la première collection l'artiste raconte à travers des mouvements lents, des gestes soignés et accorts la ville d'Alger et ses différents sites et monuments architecturaux, elle évoque, dans la seconde, les différents prénoms féminins spécifiques à la cité algéroise. De son côté, Taleb Mahmoud semble fidèle à son style : une combinaison habile et imaginative de trois techniques, à savoir la peinture, la sculpture et la calligraphie. Ses œuvres sont richement composées. Aucun détail n'est omis. Tout est pensé de manière à couvrir chacune des créations de lettres. Sur chacun de ses tableaux, le plasticien calligraphie dans un style inspiré et harmonieux une suite de mots ; chaque lettre est ciselée, polie comme s'il s'agissait d'une pierre précieuse. Le mot à la tournure poétique, joliment exalté en tracé comme en couleurs (les tons sont inspirés de la terre, le rouge est prédominant, symbolisant la passion et la flamme), se compose comme un vers, noble et sublime. Taleb Mahmoud n'oublie pas d'apporter sa touche personnelle, voire personnalisée. Il pratique l'abstrait et l'expressionnisme. Enfin, Noureddine Kour s'illustre dans une collection à la fois belle et originale. Il présente près d'une trentaine de tableaux. L'originalité de son travail qui est pleinement voué à l'art de la calligraphie dans toute sa splendeur consiste en cette faculté poétique de styliser la lettre arabe, en prenant la source de ses thèmes dans les versets coraniques et adopte la technique de l'acrylique. Le fond du tableau est sombre et c'est voulu. Car le but est de le contraster avec l'éclat du motif calligraphié aux couleurs riches et chaudes. Ce que l'on peut déduire à l'issue de cette exposition qui, d'ailleurs, se poursuit jusqu'au 26 janvier, c'est la manière de faire par laquelle se distingue chacun des trois artistes, une manière, semble-t-il, commune : la main reproduit et façonne dans un langage courtois et expressif les enseignements acquis par la tradition ancestrale. Mais ces enseignements qui sont considérés comme étant des acquis, sont continuellement renouvelés. Chacun des artistes apporte sa propre expérience, ses impressions intérieures,