Résumé de la 2e partie n Ne connaissant rien d'elle, Sophia est surprise de la demande en mariage que lui fait Charles... Mon expression dut marquer quelque étonnement, car, amusée, elle m'expliqua qu'il s'agissait d'une citation. — Et ils vécurent tous les trois dans une petite maison biscornue ! Cette petite maison, c'est tout à fait la nôtre ! Rien que des pignons ! — Votre famille est nombreuse ? — Nombreuse ? Un frère, une sœur, une mère, un père, un oncle, une tante par alliance, un grand-père, une grand-tante et une grand-mère. — Grands dieux ! m'écriai-je, un peu abasourdi. Riant, elle reprit : — Naturellement, nous ne demeurons pas tous ensemble. La guerre et les bombardements ont apporté du changement. Pourtant, malgré ça... Sa voix avait pris une sorte de gravité. — Malgré ça, il est possible que, par l'esprit, la famille ait continué à vivre ensemble, sous l'œil du grand-père et sous sa protection. C'est un monsieur, vous savez, mon grand-père. Il a plus de quatre-vingts ans, il ne mesure guère qu'un mètre cinquante-cinq et, à côté de lui, tout le monde paraît terne ! — Il doit être intéressant. — Il l'est. C'est un Grec de Smyrne. Aristide Leonidès. Avec un clin d'œil, elle ajouta : — Il est extrêmement riche. — Y aura-t-il encore quelqu'un de riche quand cette guerre sera finie ? — Grand-père le sera toujours, dit-elle d'une voix assurée. On peut prendre toutes les mesures qu'on voudra contre le capital, elles demeureront sans effet en ce qui le concerne. Si on le plume, il plumera ceux qui l'auront plumé ! Après un court silence, elle dit encore : — Je me demande si vous l'aimerez. — L'aimez-vous, vous ? — Moi ? Plus que n'importe qui au monde. Deux années s'étaient écoulées quand je rentrai en Angleterre. Deux longues années. Durant ce temps, j'avais écrit à Sophia et elle m'avait donné de ses nouvelles assez souvent, mais nos lettres ne furent pas des lettres d'amour. Notre correspondance était celle de deux amis très chers, qui prennent plaisir à échanger leurs idées et à se communiquer leurs impressions sur la vie de chaque jour. Malgré cela, je savais que mes sentiments n'avaient pas changé et j'avais de bonnes raisons de penser qu'il en allait de même des siens à mon endroit. A suivre Agatha Christie