Paradoxe n L'Algérie dispose d'importantes ressources halieutiques, notamment la sardine. Or, les prix de ces produits très prisés par les Algériens, restent très élevés. Un paradoxe que le premier responsable de la pêche essaie d'expliquer...mais sans vraiment convaincre. Une étude qui a été faite par des chercheurs algériens sur les poissons de surface, tels que la sardine, a montré que la ressource existe en quantités suffisantes dans les eaux algériennes, mais pas sur le marché national. Et partant de l'équation «offre et demande», le prix du poisson reste très élevé pour la majorité des Algériens. Le prix de la sardine, «produit des pauvres», ne déroge pas à cette règle. Lors de son intervention ce matin à la radio chaîne III, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdellah Khanafou a tenté d'expliquer ce paradoxe. Selon lui, l'étude qui a été faite n'a pas donné des estimations quantifiées de cette ressource. Elle a juste abouti à une répartition spatiale de la ressource. «L'étude ne devient complète que si les données seront traitées et cela se fera avec un logiciel que nous devons acquérir de l'étranger dans le cadre d'un marché que nous avons conclu. Nous traiterons ces données-là pour répondre à la question de savoir si nous avons des quantités importantes de poissons pélagiques», a expliqué le ministre. D'après lui, la relation entre la disponibilité du poisson et les prix affichés sur les marchés est une éternelle question qui revient. Tentant de justifier la flambée du prix de la sardine, il a dit qu'il varie d'une période à une autre. «Actuellement, la sardine est consommée par tous les citoyens, y compris ceux du sud du pays», a estimé M. Khanafou. Cette déclaration semble être en totale contradiction avec la réalité. En effet, il n'est un secret pour personne que ce produit reste difficilement accessible sur plusieurs marchés du pays, y compris ceux du Nord. «Ce n'est pas l'offre qui a diminué, mais c'est la demande qui a augmenté», a souligné le ministre pour justifier les prix. «Les statistiques que nous avons, montrent que l'offre est dans les mêmes proportions qu'il y a une dizaine d'années. Mais il y a une très forte demande sur le poisson, notamment la sardine au niveau national. Et s'il y a une très forte demande sur ce produit, les prix vont systématiquement augmenter», a-t-il ajouté. Selon lui, de temps en temps la disponibilité du poisson fait baisser les prix. A titre d'exemple, il dira que dans la région Ouest, le prix de la sardine a été de 120 DA/kg cette semaine. Certains observateurs du marché national du poisson imputent la flambée des prix du poisson à plusieurs facteurs, notamment la faiblesse de l'offre. D'autres parlent de spéculation, de contrebande dont fait l'objet ce produit ainsi que d'absence de contrôle. Interrogé sur cette question, le ministre a reconnu qu'«il y a un peu de cela. Mais j'écarte cette idée de spéculation». Selon lui, l'absence de plateformes de vente (halls à marées) a fait que le circuit de commercialisation n'est pas bien maîtrisé. «Le stockage est à l'origine de la spéculation. Or, un produit comme la sardine ne peut pas être stocké. Par conséquent, il ne pourra pas faire l'objet de spéculation. Moi je maintiens que la question du prix est liée à la question de l'offre et de la demande», a-t-il souligné. Le ministre a indiqué qu'un programme de réalisation de halls à marées a été lancé pour organiser et assurer la traçabilité des produits halieutiques. «Mais sachez que cela ne va pas influer grandement sur les prix. Nous aurons une meilleure traçabilité et un meilleur contrôle sanitaire, mais la question des prix restera toujours posée et sera toujours liée à l'équation de l'offre et de la demande», a-t-il conclu. Madjid Dahoumane