Résumé de la 6e partie n Sophia dit à Charles que depuis la mort de son grand-père, toute sa famille est sous surveillance... Projetant en avant son petit menton volontaire, elle acheva : — Je suis sortie par la fenêtre de la salle de bains, en me laissant glisser le long de la gouttière. — Chérie ! — Mais la police ouvre l'œil... et connaissait le télégramme que je vous avais envoyé ! Quoi qu'il en soit, nous sommes ici, tous les deux, et c'est le principal !... malheureusement, à partir de maintenant, nous allons jouer notre partie, vous et moi, chacun de notre côté... Sa main posée sur la mienne, elle poursuivit : — Je dis «malheureusement», parce qu'il n'est pas douteux que nous nous aimons ! — C'est bien mon avis mais il n'y a pas de quoi dire «malheureusement» ! Nous avons, vous et moi, survécu à une Guerre mondiale, nous avons, vous et moi, vu la mort de près... et il n'y a aucune raison vraiment pour que le décès inopiné d'un vieillard... Au fait,quel âge avait -il ? — Quatre-vingt-cinq ans. — C'est juste ! C'était dans le Times. Entre nous soit dit, c'est un bel âge et il est tout simplement mort de vieillesse, ainsi que l'aurait reconnu tout médecin conscient de ses devoirs. — Si vous aviez connu grand-père, vous seriez surpris qu'il ait pu mourir de quelque chose ! Je me suis toujours intéressé aux enquêtes policières de mon père, mais je n'aurais jamais pensé que l'une d'elles me passionnerait pour des raisons directes et personnelles. Je ne l'avais pas encore revu. Il n'était pas à la maison lors de mon arrivée et, baigné, rasé, changé, j'étais tout de suite sorti pour aller rejoindre Sophia. Quand je revins, Glover me dit que mon père était dans son cabinet. Je le trouvai assis à son bureau, le nez plongé dans des papiers. Il se leva à mon entrée. — Charles ! Un moment qu'on ne s'estpas vu ! Notre reprise de contact, après cinq ans de guerre, eût paru bien décevante à un Français. Pourtant, nous étions l'un et l'autre réellement émus. Le «pater» et moi, nous nous aimons bien et nous nous comprenons. — J'ai un peu de whisky, dit-il, tout en emplissant un verre. Arrête-moi quand tu en auras assez ! Je suis désolé de n'avoir pas été à la maison pour t'accueillir à ton retour, mais j'ai du travail par-dessus la tête et je n'avais certes pas besoin de la fichue affaire qui me tombe dessus aujour d' hui ! Renversé dans un fauteuil, j'allumai une cigarette. — Aristide Leonidès ? demandai-je. Il me dévisagea une seconde, sourcils froncés. — Qu'est-ce qui te fait dire ça, Charles ? — Alors, je ne me trompe pas ? — Comment as-tu deviné ? — Un tuyau. A suivre Agatha Christie