Reconnaissance - «Sans lecteurs, la plume de l'écrivain serait morte. C'est mon lecteur qui me soutient et m'encourage à écrire et me donne la force de créer.» C'est ce qu'a déclaré, jeudi, Yasmina Khadra, lors d'une rencontre en marge du 17e Salon international du livre d'Alger. L'écrivain, pour qui aller à la rencontre de ses lecteurs est «un enrichissement et une façon de se ressourcer», a regretté que son nom et sa personne fassent l'objet d'«un tsunami de critiques». «Il faut poser la question aux autres, à ceux qui n'arrêtent pas de me critiquer, sachant que je ne les connais pas et que je ne leur ai rien fait», a-t-il renchéri, et de poursuivre : «Moi, je ne déteste personne et je ne peux pas haïr quelqu'un. Je suis venu au monde sans haine. Le verbe m'appartient et j'en suis seul maître et, en dépit de cela, je ne peux pas l'utiliser contre quelqu'un.» Plus tard, Yasmina Khadra s'est refusé à tout commentaire sur les propos de Rachid Boudjedra disant que «Yasmina Khadra n'est pas un auteur». Depuis que Yasmina Khadra a connu un succès littéraire aussi bien de la part de la critique que de la part du lectorat, depuis qu'il est reconnu comme étant un écrivain de renom international, il est accusé de plagiat. «Je dérange et c'est le dernier de mes soucis. Mes détracteurs ont fait circuler des rumeurs sur moi, en disant que je suis un espion (comme quoi il fait partie des services secrets algériens, vu son antécédent de militaire). Mais je m'en fous de ce qu'ils pensent ou de ce qu'ils disent. L'essentiel pour moi d'ailleurs, ce sont mes lecteurs. Je donne du rêve à mes lecteurs». Yasmina Khadra s'est, ainsi, dit satisfait de son parcours d'écrivain. «Malgré les différentes rumeurs sur mon compte afin de me nuire, je suis traduit dans le monde. Je suis en romans, en B.D, en théâtre, mes livres sont traduits en braille, et certains d'entre eux sont adaptés au cinéma. Quoi qu'il se dise sur moi, je m'en fous. Ce qui m'intéresse ce sont les lecteurs et j'en ai sept millions dans le monde, dont quatre en France. Ils n'ont pas réussi à me dissocier de ma vocation de poète et de romancier. Je suis né avec le talent, je ne l'ai pas acquis à l'université. Je suis né poète et c'est dans mon sang.» Yasmina Khadra dira : «Ceux qui soutiennent que je fais du plagiat, ça se voit qu'ils ne m'ont jamais lu. Quant à ceux qui disent que je ne fais pas, en écrivant mes livres, un travail sur la langue et le style, je leur dis de les relire. La teneur d'un talent se mesure à la densité du travail et à la force du génie créateur. Il faut arrêter de faire le procès des autres, il faut créer, aller vers le beau.» - S'exprimant sur son roman Ce que le jour doit à la nuit adapté au cinéma par Alexandre Arcady, Yasmina Khadra a dit : «J'étais plus loyal en écrivant ce roman. Je l'ai écrit pour répondre à L'Etranger d'Albert Camus où le personnage tue un Algérien seulement parce qu'il a été ébloui par la lumière. Ce roman est plus que de l'absurde, c'est le déni de l'autre.»Autrement dit, il a écrit le roman pour montrer qu'il existait une certaine coexistence entre Algériens et pieds-noirs. «Le roman vient réconcilier les pieds noirs avec leur passé, et les aider à surmonter leur traumatisme historique», dira Yasmina Khadra pour qui «les pieds-noirs sont vus à travers le regard du pouvoir politique». A propos de ses personnages, il dira : «Ils sont ordinaires, ce ne sont pas des héros, mais victimes de la tragédie de l'histoire. Nous sommes victimes de nous-mêmes.» Yasmina Khadra dira plus tard : «J'essaie dans mes romans de raconter mon époque dont je suis fasciné, je la questionne.» Interrogé sur l'adaptation de son roman L'attentat au cinéma, Yasmina Khadra répondra : «Le film est sorti et a été projeté au Festival international du film de Toronto. Il a été projeté également en Espagne, au Festival de San Sébastian. Il sera bientôt projeté en France et aux Etats-Unis. J'aurais souhaité que le film soit d'abord présenté en Algérie, mais on a un pouvoir pas très éclairé.» C'est dans ce sens que Yasmina Khadra a insisté sur la nécessité de «créer une sorte de lobby pour changer les choses dans les milieux d'intellectuels et artistiques. J'espère que le pouvoir sera digne de la générosité des écrivains, des artistes, des intellectuels algériens», a-t-il souligné.