Jeu - Hier, au TNA, La troupe de l'association culturelle Sarkat E-Roukh (le cri de la scène) de Tamanrasset a inauguré, avec la pièce ‘Er'rfaâ', les Journées théâtrales du Sud, dans leur 6e édition consécutive. Mise en scène par Azzouz Abdelkader, sur un texte de Larbi Boulbina, la pièce s'ouvre sur un décor minimaliste, sobre de par sa composition et, même s'il comporte une marque métaphorique, il reste stylé dans la manière dont il est employé. En effet, chaque élément scénique est porteur d'un sens donné, explicitement ou implicitement, de façon latente ou manifeste. Ce sens dépend de la lecture, donc de la compréhension de chacun, selon le rapport que ce dernier va entretenir, tout au long de la représentation, avec le jeu. La pièce, traversée par un fort et un permanent sentiment patriotique, raconte le mouvement libérateur, voire l'entrain révolutionnaire du peuple algérien durant la Guerre de libération nationale. La pièce traite du rôle joué par tous les Algériens, ces enfants de l'Algérie, partout et sans exception, pour libérer cette terre tant aimée et pour laquelle ils se sont sacrifiés. Elle raconte, selon le metteur en scène, «l'amour de la patrie et l'esprit de fierté et de révolte puisés du conscient collectif de l'Algérie». Ainsi, ‘Er'rfaâ', toponyme d'une région des Aurès dans la réalité, est symbole de tout autre lieu en Algérie où auraient pu se dérouler les mêmes événements qui proposent de refaire l'histoire de l'Algérie en guerre en inversant sa temporalité de manière à prendre pour point de départ le présent et évoluer dans un retour vers le passé. Autrement dit, de jeu en jeu, une question se pose au final : quel rôle peuvent jouer, aujourd'hui et demain, les nouvelles générations pour préserver cet acquis qu'est l'indépendance, cet héritage légué par les martyrs et tous ceux qui ont joué un rôle, directement ou indirectement, à l'indépendance de l'Algérie ? Que reste-t-il aujourd'hui, de l'esprit du 1er Novembre chez cette jeunesse ? Le jeu était exalté, galvanisé par ce sentiment patriotique qui, saturé d'une émotion intense, imprime la pièce, la traverse avec insistance. Même si le jeu s'est avéré accrocheur par l'interprétation des comédiens et comédiennes, tant celle-ci était naturelle et convaincante, le contenu, c'est-à-dire le texte, paraissait rébarbatif. Il s'agit du même discours répété avec excès, rabâché jusqu'à saturation, voire exagération depuis cinquante et un ans. Un discours épuisé, consumé. D'où la question : serait-il d'actualité ? Il l'est certes, mais jusqu'à une certaine mesure. La question, celle de savoir ce qu'il reste aujourd'hui, chez la jeunesse algérienne, de l'esprit du 1er Novembre, est pertinente, vu la mentalité et le comportement de cette dernière qui n'a qu'une seule idée en tête : quitter l'Algérie, même en traversant la mer, à bord d'une embarcation de fortune et ce, au péril de sa vie. Même si le jeu des comédiens a su inciter à la réflexion et aux questionnements, le texte reste, en revanche, emprisonné dans un discours stéréotypé. C'est alors que la forme vient compenser le contenu.