Alger Les années passent et Saïd grandit dans une maison où il n?y a que des femmes. Le jour du procès, il y a foule. Noureddine, 24 ans, ne se voyait pas dans une salle de tribunal, il y a quelques mois de cela? Il était vraiment loin de se douter qu?il serait, un jour, condamné pour meurtre, lui qui aspirait à une vie tranquille? Il est devenu assassin par hasard, car, oui, le hasard joue beaucoup dans cette histoire tragique? Noureddine, issu d?une famille nombreuse et modeste, rêve de devenir un homme important. Il a tellement de projets qu?il accepte de faire tous les boulots du monde afin de pouvoir les réaliser. Mais pour l?instant, laissons Noureddine de côté, jusqu?au moment où il interviendra de façon fortuite dans la vie d?un homme dont il causera la mort? Quatre-vingts ans avant le drame naît Saïd, un petit garçon choyé, issu d?une famille aisée et nombreuse? Ses parents sont aux anges, car Saïd ne vient qu?après la naissance de sept filles. C?est un drame pour une famille qui vit dans un village situé sur les hauteurs de la Kabylie? La naissance du petit garçon est donc célébrée en grande pompe. Les années passent et Saïd grandit dans une maison où il n? y a quasiment que des femmes... Dans sa petite chambre, à l?âge de dix ans, sa mère le gronde : «Je ne veux plus que tu joues à ce jeu avec ton petit cousin. Tu as compris ? Les garçons ne font pas la cour aux garçons... ? Pourquoi ? ? Parce que c?est péché, voyons, et puis arrête donc de poser des questions et obéis à ta mère et ton père.» Les années passent encore, mais Saïd n?est plus ce jeune enfant étrange qui fait des déclarations d?amour innocentes, et parfois attendrissantes, à ses jeunes cousins ou à ses copains de classe. A 21 ans, Saïd n?a plus de doutes quant à son identité sexuelle : il est homosexuel et cela ne le dérange nullement. Au village, tout le monde le montre du doigt : «Et dire que ses pauvres parents voyaient en sa naissance une renaissance pour eux qui ont tellement souffert de ne donner la vie qu?à des filles ! Voilà ils sont bien servis», ou encore : «Ses parents l?ont surprotégé et voilà comment il les remercie, le malheureux diable !» Saïd n?a cure des méchancetés que l?on raconte à son sujet? Il collectionne aventure sur aventure dans un village où il est interdit de parler de sexe? Pourtant, seule sa famille ne se doute de rien, ou alors, feint-elle de ne rien voir, habituée qu?elle est à céder aux mille et un caprices de l?enfant? (A suivre...)