«Parfois, certaines circonstances nous rendaient nos aïeules encore plus présentes, les mêlant étroitement à notre vie le temps d'une évocation, d'un événement». C'est un passage du dernier roman, Le châle de Zeineb, de l'écrivaine et professeur de langue à Alger, Leila Hamoutene. Le roman a fait l'objet d'une rencontre-débat littéraire, mardi, à la bibliothèque principale de lecture publique de Tipasa. L'invitée parle d'un enchaînement de pages de notre histoire et du passage de femmes descendant de l'arbre généalogique de Zeineb'' de 1840 à 2012. «Elles vivent toutes une page de notre histoire», explique-t-elle, «des voix s'élèvent, qui racontent l'histoire de l'Algérie. Des femmes se rejoignent dans leur évocation du passé, elles sont liées par le sort d'une enfant de sept ans livrée à la violence de l'occupation française : Zeineb, leur aïeule». Ainsi, après cette traversée de l'histoire, une page est signée par une saga de femmes à l'image de Hafsa, Warda et Sara, et ce, sur la base de textes et faits réels dans les livres d'histoire. La symbolique du «châle» est héritée de mère en fille par la féminité, l'histoire et la mère patrie, selon l'intervenante.«Le fait de pouvoir imaginer et faire vivre cela par le biais d'un roman peut apporter à chacun de nous une dimension nouvelle dans la connaissance de notre pays». Même la page de la décennie noire a été évoquée dans le roman, «des périodes dures ont été vécues par notre pays, dont le terrorisme, qui est une page aussi douloureuse que la colonisation. Peut- être pire, car c'était entre Algériens» estime-t-elle. La romancière s'est dite désolée de ne pouvoir rencontrer des écrivains à l'intérieur du pays, on ne se retrouve qu'à l'étranger, malheureusement. Le ministère de la Culture n'a fait aucun effort dans ce sens», se désole-t-elle. Elle estime aussi que le public algérien n'est pas encore prêt à accueillir des écrivains algériens, «il faudra trouver davantage de lecteurs potentiels afin d'échanger avec eux. Elle se désole aussi du faible niveau de connaissance de l'histoire de nos élèves. D'autre part, l'écrivaine ne voit pas la différence entre écriture d'homme et celle de femme, «je peux entrer dans la tête d'un homme pour écrire». A signaler que Hamoutene a déjà publié 2 recueils de nouvelles, Abîme et Le sablier, un roman de jeunesse, Sami et la planète bleue, un autre, Sang et jasmin, un recueil de poèmes, L'enfant algérien. Elle compte écrire une suite de Sami et la planète bleue.