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Histoires vraies
Une journée d?Hélène Baret (1re partie)
Publié dans Info Soir le 07 - 10 - 2004

Hélène Baret rentre chez elle, abrutie de fatigue, grise de fatigue, vieille de fatigue, à vingt-sept ans !
Pendant huit heures d'affilée, elle a cousu le même pantalon, dans le même sens, de la même couleur, à la même vitesse? Des dizaines et des dizaines de pantalons de toile bleue. Hélène Baret est culottière. Il faut bien faire des pantalons, il faut bien gagner sa vie et il faut bien prendre le train et l'autobus pour rentrer chez soi, dans une banlieue grise, hérissée d'immeubles gris, peuplée de gens gris, gris. Dieu, que tout est gris ! Ce lundi d'octobre est gris.
En cette année 1965, on parle déjà de libération de la femme. Libérer Hélène Baret ? La libérer de quoi ? De rien. Un mari qui a fait sa valise et cinq enfants à vingt-sept ans, de quoi voulez-vous libérer Hélène Baret ?
Le matin, à six heures trente, moral ou pas, teint brouillé ou pas, réveillée ou pas, c'est le branle-bas de combat. Ludovic, neuf ans, Jean, huit ans, Valérie, sept ans, Simon, cinq ans, s'en vont à l'école.
Petit déjeuner et bousculade dans le trois-pièces-cuisine. Qui est débarbouillé ? Qui ne l'est pas ? Peu importe. En file indienne, une heure plus tard, la petite troupe est devant la porte de l'école qui va leur dispenser la culture obligatoire, celle qui fera d'eux des individus libres et ils mangeront à la cantine.
Voilà une libération pour la femme ! C'est important, la cantine ! Cela permet aussi à la mère de manger dans une autre cantine.
A sept heures trente, Hélène Baret abandonne donc son troupeau devant la grande porte fermée. Les élèves ne rentrent qu'à huit heures. Ils attendront. Hélène a juste le temps d'attraper son bus jusqu'à la gare, de sauter dans le train et de pointer à la manufacture Z..., là où les pantalons défilent sous la machine à coudre, huit heures durant.
A cinq heures, Ludovic, Jean, Valérie, Simon rentreront tout seuls de l'école, à petits pas et en file indienne.
Hélène ne sortira qu'à six heures, train et bus ne la ramèneront dans son trois-pièces-cuisine qu'à sept heures du soir, sept heures trente les jours de course. Des courses au galop, dans des magasins sur le point de fermer, avec un filet qui pèse et tire l'épaule. Mais ce soir, 25 octobre 1965, il n'est pas question de courses. La fin du mois approche et les derniers jours s'étirent, aussi longs que le porte-monnaie d'Hélène est plat. Son salaire, les allocations familiales sont plus que justes en ce mois d'octobre, mois de rentrée des classes et l'école a beau être gratuite, toutes les mères savent ce que cela coûte.
Hélène Baret n'a plus que cinquante francs. Elle a mal aux jambes, mal au dos, mal à la tête, elle est seule, épouvantablement seule.
Hélène cherche ses clefs dans son sac. Il lui semble que l'appartement est bien calme, trop calme... Que se passe-t-il ? Où sont les enfants ? Ils sont là, tous les quatre, dans le noir. Pourquoi le noir ?
La main d'Hélène cherche l'interrupteur : clic, clac, rien, et, avant même que Ludovic raconte, elle a compris. Le papier est là, sous la porte. Un papier tout bête, irrémédiable et catastrophique : coupure... L'agent «machin» de la compagnie de distribution, s'étant présenté le... à telle heure... a coupé le compteur extérieur ; motif : non-paiement de la facture d'électricité.
Alors, les enfants se sont installés dans la cuisine. Ludovic a allumé une bougie et ils ont attendu, ils n'ont prévenu personne, ils sont là, dans l'ombre? Depuis combien de temps ?
Et soudain, Hélène n'est plus qu'une angoisse épouvantable, elle court, court vers la chambre du fond, ouvre la porte en grand et s'écroule, en larmes, de peur et de soulagement mêlés. (à suivre...)


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