Résumé de la 2e partie Pendant 2 semaines, les hommes pêchent tant bien que mal au bord de la glace. Peu à peu, le sauvetage devient dangereux, car le morceau de banquise diminue comme une peau de chagrin. Le 6 février au soir, il ne reste plus, sur une plateforme de glace d'un demi-kilomètre de long, que Sergueï Bakinski avec ses douze tonneaux de caviar. Tel un commandant de navire, il a refusé d'abandonner ce trésor d'Etat. On lui laisse de quoi manger jusqu'au lendemain, et une bouteille de vodka pour se réchauffer, en attendant mieux. Le 7 février, le plafond est trop bas et les avions ne peuvent revenir. Cela dure une semaine... Le 15 février, les avions peuvent enfin revenir, mais ne trouvent plus le naufragé. Sergueï a-t-il coulé, avec les 420 kilos de caviar ? Comment le savoir ? La mer Caspienne est grande : 425 000 kilomètres carrés ! Alors que la Corse, par exemple, n'en fait que 9 000 ! Autant chercher un grain de caviar dans un tunnel? Peu à peu, on ralentit les recherches. Et pourtant, Sergueï est vivant. Frigorifié, mais vivant, avec toujours sur son radeau de glace à la dérive, et qui se morcelle un peu plus tous les jours, les 420 kilos de caviar. La nuit, il dort dans l'une des cabanes de bois abandonnées, et le jour, il mange du caviar. Car il ne peut plus faire autrement. Il a dû se résigner, la mort dans l'âme et pour survivre, à entamer un tonneau. Et pendant trois semaines, jour après jour, il dérive dans la Caspienne en mangeant du caviar, des poignées de caviar matin et soir ! Au début, Sergueï l'a trouvé bon. Mais il a pensé que cela ne valait pas tout le «foin» que l'on en fait. Au bout de trois jours, il a trouvé que manger du caviar sans rien d'autre était même un peu de «l'étouffe-kolkhozien». Au bout d'une semaine, il délirait : une poignée pour papa, allez MAAANGE ! D'autant qu'il ne pouvait boire pour le faire passer qu'une demi-gorgée de vodka par jour, il n'en avait qu'un litre, pour 420 kilos de ce damné caviar. Au bout de quatre semaines environ, les avions l'ont retrouvé, et il était temps. Un bateau, parti de Bakou, aborda son morceau de banquise au moment où il entrait dans les eaux territoriales de l'Iran. Au prix d'une difficile man?uvre en pleine mer, l'équipage récupéra les douze tonneaux de caviar de 35 kilos dont un gravement entamé, accompagné d'un homme à l'expression hagarde. Il avait réussi à manger à peu près 300 grammes de caviar par jour, beaucoup moins vers la fin. Soit 9 kilos en tout. Et il avait failli mourir, faute de boire, auprès des 409 kilos restants ! On n'a plus jamais entendu parler de Sergueï Bakinski. A-t-il été nommé héros de l'Union soviétique pour avoir sauvé 99% d'un trésor national ? A-t-il été condamné pour l'avoir entamé ? Nul ne sait. Quoi qu?il en soit, si nul n'a pu lui faire passer le goût du caviar, c'était fait.