Résumé de la 24e partie Quand Aladdin informa sa mère de son désir d?épouser la princesse Badroulboudour, elle ne put s?empêcher d?éclater de rire. Ma mère, répliqua Aladdin, je vous ai déjà dit que j'ai prévu tout ce que vous venez de me dire, et je dis la même chose de tout ce que vous y pourrez ajouter : vos discours ni vos remontrances ne me feront pas changer de sentiment. Je vous ai dit que je ferais demander la princesse Badroulboudour en mariage par votre entremise : c'est une grâce que je vous demande, avec tout le respect que je vous dois, et je vous supplie de ne me la pas refuser, à moins que vous n'aimiez mieux me voir mourir que de me donner la vie une seconde fois.» La mère d'Aladdin se trouva fort embarrassée quand elle vit l'opiniâtreté avec laquelle Aladdin persistait dans un dessein si éloigné du bon sens. «Mon fils, lui dit-elle encore, je suis votre mère ; et, comme une bonne mère qui vous a mis au monde, il n'y rien de raisonnable à mon état et au vôtre que je ne fusse prête à faire pour l'amour de vous. S'il s'agissait de parIer de mariage pour vous avec la fille de quelqu'un de nos voisins, d'une condition pareille ou approchante de la vôtre, je n'oublierais rien, et je m'emploierais de bon c?ur en tout ce qui serait en mon pouvoir ; encore, pour y réussir, faudrait-il que vous eussiez quelques biens ou quelques revenus, ou que vous eussiez un métier. Quand de pauvres gens comme nous veulent se marier, la première chose à quoi ils doivent songer, c'est d'avoir de quoi vivre. Mais, sans faire réflexion sur la bassesse de votre naissance, sur le peu de mérite et de biens que vous avez, vous prenez votre vol jusqu'au plus haut degré de la fortune et vos prétentions ne sont pas moindres que de vouloir demander en mariage et d'épouser la fille de votre souverain, qui n'a qu'à dire un mot pour vous précipiter et vous écraser. Je laisse à part ce qui vous regarde, c'est à vous à y faire les réflexions que vous devez pour peu que vous ayez du bon sens. Je viens à ce qui me touche. Comment une pensée aussi extraordinaire que celle de vouloir que j'aille faire la proposition au sultan de vous donner la princesse sa fille en mariage a-t-elle pu vous venir dans l'esprit ? Je suppose que j'aie, je ne dis pas la hardiesse, mais l'effronterie d'aller me présenter devant Sa Majesté pour lui faire une demande si extravagante, à qui m'adresserai-je pour m'introduire ? Croyez-vous que le premier à qui j'en parlerais ne me traitât pas de folle, et ne me chassât pas indignement, comme je le mériterais ? Je suppose encore qu'il n'y ait pas de difficulté à se présenter à l'audience du sultan ; je sais qu'il n'y en a pas quand on s'y présente pour lui demander justice et qu'il la rend volontiers à ses sujets quand ils la lui demandent. Je sais aussi que, quand on se présente à lui pour lui demander une grâce, il l?accorde avec plaisir quand il voit qu?on l?a méritée et qu?on en est digne. Mais êtes-vous dans ce cas-là et croyez-vous avoir mérité la grâce que vous voulez que je demande pour vous ? En êtes-vous digne ? Qu?avez-vous fait pour votre prince ou pour votre patrie, et en quoi vous êtes-vous distingué ?» (à suivre...)