Résumé de la 26e partie Aladdin écouta fort tranquillement tout ce que sa mère put lui dire pour tâcher de le détourner de son dessein. Aladdin continua : «Je parle de ce que j'ai apporté dans les deux bourses et dans ma ceinture, et que nous avons pris, vous et moi, pour des verres colorés ; mais à présent je suis détrompé, et je vous apprends, ma mère, que ce sont des pierreries d'un prix inestimable, qui ne conviennent qu'à de grands monarques. J'en ai connu le mérite en fréquentant les boutiques de joailliers, et vous pouvez m'en croire sur ma parole. Toutes celles que j'ai vues chez nos marchands joailliers ne sont pas comparables à celles que nous possédons, ni en grosseur ni en beauté ; et cependant ils les font monter à des prix excessifs. A la vérité, nous ignorons, vous et moi, le prix des nôtres ; mais, quoi qu'il en puisse être, autant que je puis en juger par le peu d'expérience que j'en ai, je suis persuadé que le présent ne peut être que très agréable au sultan. Vous avez une porcelaine assez grande et d'une forme très propre pour les contenir ; apportez-la, et voyons l'effet qu'elles feront quand nous les y aurons arrangées selon leurs différentes couleurs.» La mère d'Aladdin apporta la porcelaine, et Aladdin tira les pierreries des deux bourses et les arrangea dans la porcelaine. L'effet qu'elles firent au grand jour par la variété de leurs couleurs, par leur éclat et par leur brillant fut tel que la mère et le fils en demeurèrent presque éblouis : ils en furent dans un grand étonnement, car ils ne les avaient vues l'un et l'autre qu'à la lumière d'une lampe. Il est vrai qu'Aladdin les avait vues chacune sur leur arbre, comme des fruits qui devaient faire un spectacle ravissant ; mais, comme il était encore enfant, il n'avait regardé ces pierreries que comme des bijoux propres à s'en jouer, et il ne s'en était chargé que dans cette vue et sans autre connaissance. Après avoir admiré quelque temps la beauté du présent, Aladdin reprit la parole. «Ma mère, dit-il, vous ne vous excuserez plus d'aller vous présenter au sultan, sous prétexte de n'avoir pas un présent à lui faire ; en voilà un, ce me semble, qui fera que vous serez reçue avec un accueil des plus favorables.» Quoique la mère d'Aladdin, nonobstant la beauté et l'éclat du présent, ne le crut pas d'un prix aussi grand que son fils l'estimait, elle jugea néanmoins qu'il pouvait être agréé et elle sentait bien qu'elle n'avait rien à lui répliquer sur ce sujet ; mais elle en revenait toujours à la demande qu'Aladdin voulait qu'elle fit au sultan à la faveur de ce présent ; cela l'inquiétait toujours fortement. «Mon fils, lui disait-elle, je n'ai pas de peine à concevoir que le présent fera son effet, et que le sultan voudra bien me regarder de bon ?il ; mais, quand il faudra que je m'acquitte de la demande que vous voulez que je lui fasse, je sens bien que je n'en aurai pas la force et que je demeurerai muette. Ainsi, non seulement j?aurai perdu mes pas, mais même le présent qui, selon vous, est d'une richesse si extraordinaire, et je reviendrai avec confusion vous annoncer que vous serez frustré de votre espérance.» (à suivre...)