Phénomène «S?il y a une ville où le vol du sable se pratique avec un rare acharnement, c?est bien à Aïn Taya.» C?est ainsi que les riverains de la côte de cette superbe ville, longue de plus de 12 km, décrivent la situation. En effet, tous les moyens sont bons pour piller ce précieux matériau de construction. «Au début, c?étaient les gros moyens, les camions et les tracteurs, mais avec le renforcement des moyens de contrôle par les services de sécurité et de la Gendarmerie nationale, les riverains des plages isolées se servent de baudets pour acheminer le sable jusqu?à leur domicile où il sera stocké et revendu. D?autres, plus proches de la mer, sont devenus de vrais bandits nocturnes. Ils utilisent des sacs et des brouettes.» «Dès la tombée de la nuit, témoigne un habitant, c?est toute une fourmilière qui rôde dans les coins, des jeunes, des vieux, des femmes et des jeunes filles activent, les uns chargent à la main, les autres à la pelle? Ce sont des familles entières qui vivent du sable et il faut dire que ça rapporte gros. Un petit calcul : si chaque membre d?une famille de 10 personnes remplit deux sacs de 100 kg, c?est déjà la somme de? 4 000 DA qu?ils garantissent, parce qu'un sac de sable fait 200 DA.» Dans le quartier où habite ce témoin, le phénomène prend des proportions alarmantes. «Cette pratique représente un véritable danger pour l?environnement. Des plages entières vont disparaître si les gens inconscients, mais parfois contraints à cause de la misère et de la pauvreté, continuent à piller le sable. Cela facilite l?avancement des eaux de mer sous l?effet de l?érosion», explique Mohamed Benyounès, SG de la commune de Aïn Taya. Le pillage entraîne de sérieux dégâts sur les reliefs de la région notamment les terres agricoles ainsi que sur l?écologie, sans oublier les dommages portés au tourisme. Des associations écologiques locales tentent, quelquefois, d?alerter l?opinion publique et les responsables locaux en organisant des tables rondes et des séminaires, mais cela reste insuffisant devant la grave menace et la misère des gens. «Les gens ici sont pauvres et comme le sable rapporte gros, c?est toute une mafia qui est impliquée, tout en exploitant les riverains auxquels ils rachètent le sable pour le revendre plus cher.»