Hommage n «L??uvre de Nadjia Abeer est une ?uvre construite.» La Bibliothèque nationale a rendu, mardi, un hommage à l?écrivain Nadjia Abeer, récemment disparue, lors d?une rencontre qui a été animée par Fatiha Nessrine (écrivain) et Rachid Mokhtari (écrivain et critique littéraire). L?intervenante dira qu?elle a connu Nadjia Abeer, son amie, juste après l?indépendance, à l?Ecole normale de Constantine. «Elle a fait de ce qu?elle a vécu un roman», dit-elle. Et d?ajouter : «C?était une artiste touche-à-tout, c?est-à-dire une artiste accomplie.» «Outre le désir d?acquérir le savoir, elle était pianiste, elle faisait de la peinture, elle avait des aptitudes pour le théâtre, elle était également sportive», poursuit-elle, avant de souligner que c?était une femme d?action, une battante, une bâtisseuse. «Pendant qu?elle écrivait, elle ne s?empêchait pas de toucher à autre chose», confie-t-elle. Fatiha Nessrine dira également que Nadjia Abeer vivait dans «la confrontation à la souffrance», et cette souffrance, on la ressent dans ses écrits qui sont autobiographiques. Et de mettre l?accent sur «la conscience aiguë [qu?avait Nadjia Abeer] pour la liberté.» «C?était une personne qui était éprise de liberté et elle prenait soin de la traquer tant dans ses propos que dans les lieux et dans le comportement», «elle avait l?amour de la liberté». Rachid Mokhtari, lui, s?est attardé sur l??uvre de la défunte. «Nadjia Abeer était un écrivain né à un moment où la littérature algérienne commençait à changer de perception (entre l?écriture et le lecteur), de modalité [et de mode d?énonciation]». Effectivement, Nadjia Abeer, venue tard à l?écriture, n?écrivait pas dans l?urgence de témoigner sur un vécu, comme le faisaient de nombreux écrivains des années 1990. Elle prenait le temps de travailler son style. Elle apportait de nouvelles formes scripturales. L?esthétique l?emportait sur la thématique. De plus, «Nadjia Abeer n?a pas écrit trois romans éclatés, isolés», précise-t-il, avant d?ajouter que «l?écrivain avait un projet d?écriture, de construction d?une ?uvre». Ces trois romans constituent une trilogie autobiographique. Constantine et les moineaux de la murette (2003/ Editions Barzakh) raconte la petite enfance. L?Albatros (2004/Editions Marsa) décrit un monde de l?adulte. Enfin Bab El Kantara (2005/Editions Apic) raconte l?adolescence. Ainsi, Nadjia Abeer nous raconte sa vie, et cela à travers une écriture qui évolue dans l?espace et dans une Algérie mi-fiction, mi-réelle. «L??uvre de Nadjia Abeer est une ?uvre construite», conclut Rachid Mokhtari.