Résumé de la 3e partie n Adolfo, aidé par ses pairs, kidnappe Vera au beau milieu de la nuit. Respectant les traditions et coutumes siciliennes, il la viole. Ainsi plus personne dans la région ne voudra d?elle? A l'annonce de l'enlèvement, Giuseppe Alcamo est rentré en toute hâte. Il a tout de suite compris. Sa plus jeune fille et la bonne ont parfaitement reconnu Adolfo Sallustri. C'est un enlèvement amoureux. Giuseppe n'est pas inquiet sur le sort de sa fille. Il est seulement triste pour elle. Il aurait préféré qu'elle fasse un mariage moins riche, moins brillant, avec l'instituteur, par exemple, mais qu'elle soit heureuse. Maintenant, hélas, il est trop tard. Dans quelques heures, Adolfo va lui faire sa demande en mariage. Et il acceptera. Il le fera pour le bien de sa fille. Sinon, elle resterait toute sa vie une réprouvée... Au village, on commente l'événement avec excitation. Enfin, Minerbio a eu son enlèvement ! Les vieux se souviennent du précédent, qui remonte à plus de cinquante ans. D'une manière générale, on est fier du comportement d'Adolfo Sallustri. Lui au moins, c?est un homme, un vrai ! Il est aux environs de midi quand Giuseppe voit arriver Vera. Sa robe de chambre est déchirée. Elle porte des traces de coups et de griffures de ronces. D'une voix précipitée, elle déclare : «Je vais aller chez les gendarmes !» Comme il reste abasourdi, elle explose : «Adolfo m'a enlevée, m'a séquestrée, m'a violée. Je porte plainte !» Giuseppe Alcamo pousse un soupir. Sa fille est sans doute sous le coup d'un choc nerveux. Il s'approche d'elle et lui parle calmement : «Voyons, Vera, tu dois épouser Adolfo après ce qu'il a fait...» Mais Vera secoue la tête, butée, farouche : «Non, je ne l'épouserai pas ! Tu peux me traîner à la cérémonie, mais devant le maire, je répondrai ?non?, devant le curé, en plein milieu de l'église, je répondrai ?non? !» Et, sous les yeux de son père ahuri, elle monte en courant dans sa chambre pour s'habiller. Giuseppe est tenté d'employer les grands moyens pour se faire obéir. Mais après tout, il décide de ne rien faire. Vera est sa préférée. Quand, tout à l'heure, Adolfo viendra lui faire sa demande, il lui refusera la main de sa file et lui apprendra qu'une plainte pour viol a été déposée contre lui. Aussi, quand quelques minutes plus tard Vera redescend de sa chambre, l'air décidé, il se contente de l'embrasser et de lui souhaiter bonne chance. Vera va immédiatement à la gendarmerie. Elle entre dans le bureau de l'officier, qui la considère avec un profond étonnement. Mais elle ne lui laisse pas le temps de parler : «Je viens porter plainte contre Adolfo Sallustri.» Après avoir marqué un moment de stupeur, l'officier prend le parti d'en rire : «Allons, signorina, c?est sûrement l'effet de l'émotion ! Vous n'allez tout de même pas porter plainte contre votre futur mari. D'ailleurs, à ce propos, je me permets de vous adresser toutes mes félicitations.» Mais Vera ignore la main tendue. «Je n'épouserai pas Sallustri. Je porte plainte contre lui pour viol. Je suis majeure. Vous devez enregistrer ma plainte et faire votre enquête.» L'officier se fige : «Très bien, signorina. Je vais enregistrer votre plainte. Mais permettez-moi de vous dire que vous avez tort. A présent, aucun Sicilien ne voudra plus de vous.» La réplique est immédiate et cinglante : «Et moi, je ne veux plus d'aucun Sicilien !» (à suivre...)