Résumé de la 6e partie n Après une chevauchée de vingt jours, Scharkân s?arrête pour camper avec ses troupes. Parti seul en éclaireur, il s?endort sur son cheval. Le cheval se mit ainsi à marcher jusqu'à minuit, et soudain, au milieu d'une solitude boisée, il s'arrêta et frappa violemment du sabot contre terre. Et Scharkân s'éveilla et se vit au milieu des arbres de la forêt, qui était en ce moment éclairée par la clarté de la lune. Et Scharkân fut extrêmement ému de se trouver au milieu de cet endroit solitaire ; mais il dit à haute voix la parole qui vivifie : «Il n'y a de puissance et de force qu'en Allah le Très Haut !» Et aussitôt il sentit son âme s'apaiser et ne plus craindre les bêtes sauvages de la forêt, alors qu'en face, la lune miraculeuse argentait la clairière ; et si belle en devenait la clairière qu'elle semblait l'une d'entre les clairières du paradis. Et Scharkân entendit, comme près de lui, des paroles délicieuses à l'excès et une voix parfaitement belle et des rires. Et quels rires ! Les humains, à les entendre, en seraient devenus éperdus de délicate volupté, éperdus du désir de les boire sur la bouche même et de mourir. Alors, Scharkân sauta à bas de son cheval et s'enfonça entre les arbres à la recherche des voix ; et il marcha jusqu'à ce qu'il fût arrivé sur le bord d'une rivière blanche à l'eau joyeuse et courante et chantante ; et à ce chant de l'eau répondaient la voix naturelle des oiseaux et les plaintes ivres des gazelles et l'assentiment parlé de tous les animaux ; et tous ensemble formaient un chant d'harmonie plein d'épanouissement. Et l'endroit lui-même était brodé et semé de fleurs et de végétaux, comme dit le poète : «N'est belle la terre, ô ma folie, que colorée de ses fleurs, et n'est belle l'eau que mariée côte à côte avec les fleurs ! «Gloire à celui qui créa la terre et les fleurs de la terre et les eaux de la terre, et te plaça, ô ma folie, près des fleurs et de l'eau sur la terre !» Et Scharkân regarda et vit sur la rive opposée s'élever la façade, éclairée par la lune, d'un monastère blanc dominé par une haute tour imposante qui s'élançait dans les airs. Et ce monastère rafraîchissait son pied dans les eaux vives de la rivière ; et, en face, une pelouse s'étendait, où étaient assises dix jeunes femmes qui en entouraient une onzième. Pour les dix femmes, elles étaient comme des lunes et vêtues légèrement de vêtements amples et doux, et toutes étaient vierges et merveilleuses, comme le disent d'ailleurs ces vers du poète : «Il luit ! Et voici que la pelouse luit ! Et c'est de tout ce qu'elle contient de blanches filles à la chair candide, de filles candides et blanches à la haute lueur ! Et la pelouse en tressaille et frémit ! «De belles filles surnaturelles ! Une taille mince, pliante. Une démarche souple et savante et mélodieuse. Et la pelouse en tressaille et frémit. «Eparse la chevelure, retombante sur le col la chevelure, telle la grappe sur le cep. Blondes ou brunes, grappes blondes, grappes brunes ! 0 chevelures Attrayantes filles, ô séductrices ! Et vos yeux ! La tentation de vos yeux, les flèches de vos yeux et ma mort ! Quant à celle qu'entouraient les dix jeunes esclaves blanches, elle était comme la pleine lune, tout à fait. Ses sourcils étaient splendidement arqués, son front telle la première lueur du matin, ses paupières frangées de cils veloutés et recourbés, et les cheveux de ses tempes frisés en courbes délicieuses ; et elle était aussi parfaite de qualités que le dépeint le poète en ces vers : «Fière elle me regarde, mais quels regards admirables ! Et sa taille droite et dure ! O lances droites et dures, courbez-vous de confusion !» (à suivre...)