Souci n La préparation de la prochaine rentrée sociale constitue une préoccupation de taille pour les M'siléens, contraints à travailler durant les vacances d'été. Loin d'être synonyme de farniente, encore moins de séjour de détente sur le littoral, les longues vacances estivales sont, pour de nombreux jeunes et écoliers de cette wilaya des Hauts-Plateaux, une période d'occupation harassante où une multitude de petites activités commerciales leur permet de s'assurer une rentrée scolaire décente. Serveurs et plongeurs dans des cafés et restaurants ou encore manœuvres dans les petits chantiers de construction, ces jeunes, souvent d'une fierté insoupçonnable, ne rechignent devant aucune besogne pour gagner quelques dinars de plus. Moins tentés par les gros efforts physiques, d'autres, plus nombreux encore, préfèrent investir leur argent mis de côté dans la revente de certains produits. Déjà très autonomes, ces jeunes adolescents affirment trouver dans ces activités une occupation plus digne que de se laisser entraîner dans les voies tortueuses et dramatiques de la délinquance. Certains d'entre eux jettent leur dévolu sur une artère ou une aire vide des cités et quartiers urbains qu'ils proclament aire protégée, diurne ou nocturne, de stationnement pour les véhicules. Rarement, les automobilistes refusent de payer ce service de gardiennage dont les revenus «sont de loin les plus conséquents», affirment sans sourciller nombre de ces «gardiens». Une autre catégorie se découvre des talents de vendeurs ambulants de fruits et légumes ou encore d'ustensiles, tantôt vendus tantôt troqués contre des vêtements qui sont, à leur tour, revendus. Dernièrement, l'offre de ces marchands ambulants a inclus une nouvelle gamme de produits : les pièces de rechange déjà utilisées. Ces jeunes, transportant leurs produits dans des sachets, sélectionnent les pièces rares, souvent introuvables dans le commerce. Les enfants âgés de 10 à 15 ans s'adonnent surtout à la collecte des articles de recyclage, notamment ramassés dans des bacs à ordures ou dans les décharges publiques ; nombre d'entre eux fréquentent les marchés populaires pour y vendre des sacs en plastique ou seconder, le temps d'une journée, les marchands de fruits et légumes, créneau porteur en ces temps de grandes chaleurs. La situation sociale précaire de la grande majorité des habitants de la wilaya impose ces travaux saisonniers. A M'sila, le concept de vacances scolaires a pris une autre dimension, celle de la débrouillardise. Ici, le train de la vie n'a pas d'arrêt et la préparation de la prochaine rentrée sociale a débuté avant même le tomber de rideau officiel de l'actuel exercice. R. L. / APS