Résumé de la 140e partie n Aziza prend son mal en patience. La peur de perdre son bien-aimé, Aziz, fait d'elle une soumise. Aziz, quant à lui, se rend au rendez-vous dans l'espoir de rencontrer la belle jeune fille. Mais avant de me laisser sortir, Aziza me jeta un regard de désolation et, les larmes dans la voix, elle me dit : «O fils de mon oncle ! prends ce grain de musc pur et parfume-t'en les lèvres. Puis, une fois que tu auras vu ton amoureuse et que tu en auras eu toute satisfaction à ton gré, promets-moi de grâce de lui réciter le vers que je vais te dire.» Et alors me jeta les bras autour du cou et sanglota longuement. Alors moi, je lui fis le serment de réciter à l'adolescente le vers en question. Et Aziza, tranquillisée, me récita ce verset m'obligea à le répéter une fois avant de partir, bien que je n'en eusse pas compris l'intention ou la portée future : «O vous tous, les amoureux ! par Allah ! dites-moi si l'amour sans répit habitait le cœur de sa victime, où serait la délivrance ?» Puis je m'éloignai rapidement et j'arrivai au jardin en question dont je trouvai la porte ouverte. Tout au fond une lanterne était allumée vers laquelle je me dirigeai dans les ténèbres. Lorsque j'arrivai à l'endroit où était cette lumière, quelle surprise ne m'attendait-elle pas ! Je trouvai, en effet, une merveilleuse salle à la voûte cintrée et surmontée d'une coupole toute lamée intérieurement d'ivoire et d'ébène et éclairée agréablement par d'immenses flambeaux d'or et de grandes lampes de cristal suspendues au plafond par des chaînes d'or. Et au milieu de cette salle, un bassin, orné d'incrustations de couleur et de dessins entrelacés d'une grande perfection, faisait un bruit d'eau dont la musique à elle seule rafraîchissait. Tout à côté de ce bassin, un grand escabeau de nacre soutenait un plateau d'argent recouvert d'un foulard de soie, et sur le tapis était posé un grand pot en terre cuite vernissée, dont le col élancé soutenait une coupe de cristal et d'or. Alors moi, ô mon jeune seigneur, la première chose que je fis, fut d'enlever le foulard de soie qui recouvrait le grand plateau d'argent. Et les choses délicieuses qui s'y trouvaient, je les vois encore devant mes yeux ! Il y avait là en effet… A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et s'arrêta dans les paroles permises. Mais lorsque fut la cent seizième nuit, elle dit : Le vizir Dandân continua de la sorte pour le roi Daoul M'akân, l'histoire que racontait le bel Aziz au jeune prince Diadème : Il y avait là en effet, dorés et odorants, quatre poulets rôtis, assaisonnés aux épices fines ; il y avait là quatre porcelaines de grande capacité contenant, la première de la mahallabia parfumée à l'orange et saupoudrée de pistaches concassées et de cannelle, la seconde des raisins secs macérés puis sublimés et parfumés discrètement à la rose, la troisième, oh ! la troisième, de la baklawa artistement feuilletée et divisée en losanges d'une suggestion infinie, la quatrième des kataïef au sirop bien lié et prêts à éclater tant ils étaient généreusement farcis. Voila pour la moitié du plateau. A suivre