Résumé de la 151e partie n Une année passe. Aziz et son amie mènent une vie pleine de bonheur et de joie au point que la défunte Aziza ne fait plus partie de leurs souvenirs. Un amour en chasse un autre… Je me dirigeais donc vers sa maison quand, en traversant une ruelle nommée l'impasse de la Flûte, je vis s'avancer vers moi une vieille qui tenait à la main une lanterne pour éclairer sa route et une lettre dans son rouleau. Alors je m'arrêtai ; et elle, après m'avoir souhaité la paix, me dit... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et ne voulut pas laisser des paroles permises. Le soir venu, elle dit : Et elle, après m'avoir souhaité la paix, me dit : «Mon enfant, sais-tu lire ?» Je répondis : «Oui, ma bonne tante.» Elle me dit : «Alors, je te prie, prends cette lettre et lis-m'en le contenu.» Et elle me tendit la lettre ; et je la pris et l'ouvris et lui en lus le contenu. Il y était dit que le signataire de cette lettre était en bonne santé et qu'il envoyait ses amitiés et son salut à sa sœur et à ses parents. Alors, en entendant la chose, la vieille leva les bras au ciel et fit des vœux pour ma prospérité, moi qui lui annonçais une si bonne nouvelle, et me dit : «Puisse Allah te soulager de toutes peines comme tu viens de me tranquilliser le cœur.» Puis elle reprit sa lettre et continua son chemin. Alors moi je fus pris d'un pressant besoin d'uriner et je m'accroupis contre un mur et satisfis mon besoin ; puis je me relevai, après m'être bien secoué, et je ramenai ma robe et voulus m'en aller, quand je vis revenir la vieille qui me prit la main et la porta à ses lèvres et me dit : «Seigneur, excuse-moi, mais j'ai une grâce à te demander et, en me l'accordant, tu mettras le comble à tes bienfaits, et tu en seras rémunéré par le Rétributeur. Je te prie de m'accompagner tout près d'ici, jusqu'à la porte de notre maison, pour lire encore une fois, de derrière la porte, cette lettre aux femmes de la maison ; car sûrement elles ne voudront pas se fier au résumé que je leur donnerai moi-même de cette lettre, surtout ma fille, qui est très attachée à son frère, le signataire de cette lettre, lequel nous a quittées pour un voyage de commerce depuis déjà dix ans et dont c'est la première nouvelle, depuis le temps que nous le pleurons comme mort. Je t'en prie, ne me refuse pas cela ! Tu n'auras même pas la peine d'entrer, car tu leur liras cette lettre du dehors. D'ailleurs, tu sais les paroles du Prophète (sur lui la prière et la paix !) au sujet de ceux qui soulagent leurs semblables : ”Celui qui tire un musulman d'une peine d'entre les peines de ce monde, Allah lui en tiendra compte en lui effaçant soixante-douze peines des peines de l'autre monde !”» Alors moi je me hâtai d'accéder à sa demande et je lui dis : «Marche devant moi pour m'éclairer et me montrer le chemin !» Et la vieille me précéda ; et, au bout de quelques pas, nous arrivâmes à la porte d'un palais. Et c'était une porte monumentale, toute lamée de bronze ouvragé et de cuivre rouge. Alors moi je me tins tout contre la porte ; et la vieille jeta un cri d'appel en langue persane. Et aussitôt, sans avoir le temps de me rendre compte de la chose, tant fut rapide le mouvement, devant moi, par la porte entrebâillée, une jeune fille légère et potelée, souriante, apparut, les pieds nus sur le marbre lavé ; et de ses mains elle tenait, de crainte de les mouiller, les plis de son caleçon relevés jusqu'à mi-hauteur de ses cuisses ; ses manches étaient également relevées plus haut que ses aisselles qui apparaissaient dans l'ombre des bras blancs. Et je ne sus ce que je devais le plus admirer, de ses cuisses, colonnes d'albâtre, ou de ses bras de cristal. Ses chevilles fines étaient cerclées de grelots d'or enrichis de pierreries, et ses poignets souples, de deux paires de lourds bracelets aux multiples feux aux oreilles, des pendeloques de merveilleuses perles ; au cou, une chaîne triple de joyaux inestimables ; sur les cheveux un foulard d'un tissu subtil constellé de diamants. (à suivre...)