Résumé de la 4e partie n Gabriele Capone obtient, en 1906, la citoyenneté américaine. Sa famille s'est agrandie d'un nouvel arrivant, Alphonse, américanisé en Al. Très tôt, le jeune Al fait l'expérience de la rue. Il n'a que trois ou quatre ans quand sa mère, allant faire les courses, le fait sortir. La rue est pleine de jeunes enfants, le plus souvent en guenilles, qui jouent à se poursuivre. Plus d'une fois, il sera frappé par des bambins plus âgés que lui. Si, au début, il se plaint, il finira par se taire et surtout par rendre les coups ! En 1904, alors qu'il a cinq ans, son père l'inscrit à l'école publique. «La débrouillardise, c'est bien, lui explique Gabriele, mais l'instruction est également une bonne chose, ça peut aider dans la vie !» En fait, le système scolaire, réservé à l'époque aux immigrants, était loin de favoriser leur épanouissement. Les enfants s'entassaient à plusieurs, dans des salles minuscules, où on grelottait de froid en hiver et on étouffait de chaleur en été. De plus, les enseignants affectés à ces écoles étaient la plupart du temps inexpérimentés. Certains même étaient de jeunes gens, surtout de jeunes filles irlandaises, qui, pour toute formation, avaient fait... le couvent ! Certaines avaient juste seize ans et on leur demandait de s'occuper d'enfants de quatorze, quinze ans. Autant dire que ces institutrices n'avaient aucune autorité sur leurs élèves et que l'indiscipline régnait en maître dans les écoles ! Le petit Al travaille bien à l'école. C'est un enfant studieux et son père l'encourage. Mais ce que Gabriele ne sait pas, c'est qu'après les classes, le jeune garçon est dans la rue où il subit des influences qui ne sont pas toujours bonnes. Et la rue de Al, c'est le quartier général d'un gangster très dangereux, Johnny Torrio. Comme la plupart des gangsters de l'époque, c'était un trafiquant notoire, un escroc mais c'était aussi – et cela, il le cachait — un proxénète qui tenait de nombreuses maisons closes sur la côte Est. Un jour, alors que Torrio se promène dans la rue, il remarque le jeune garçon. Il l'appelle. «Tu veux bien faire une commission pour moi ?» Comme il tient une pièce de monnaie à la main, Al fait oui de la tête. «Va retrouver un tel et remets-lui ce pli !» Al s'exécute et empoche sa pièce. Torrio l'utilisera pour d'autres «commissions» et comme Al est à la fois discret et rapide, il le préférera aux autres garçons du quartier. Avec Torrio, Al apprendra surtout que seule la débrouillardise compte dans la vie. L'instruction, que son père lui cite comme moyen de réussite, n'est pas opérante dans son univers ; Torrio, lui, n'a aucune instruction, mais il vit comme un roi, brassant des milliers de dollars, exerçant son autorité sur des dizaines de gens. Il apprend aussi l'hypocrisie : on peut être un parfait citoyen, respectueux des lois, tout en exerçant, à la dérobée l'escroquerie et le trafic. En 1909, quand Torrio quitte New York pour Chicago, Al a déjà appris beaucoup de choses. En revanche, il régresse à l'école où il s'ennuie beaucoup. «Je voudrais travailler !», dit-il à son père. Mais Gabriele ne veut pas qu'il quitte l'école. (à suivre...)