Jacques Chirac évoque, pour la première fois, sa fille aînée Laurence, atteinte d'anorexie mentale depuis l'âge de 15 ans, dans un livre-entretien, L'Inconnu de l'Elysée, dont l'hebdomadaire Marianne publiait, hier, samedi, des extraits. «Il n'y a aucune raison de le nier... Cela a été et c'est le drame de ma vie. J'ai une fille qui était intelligente, jolie et qui, à 15 ans, a été prise d'anorexie mentale», raconte-t-il. «Aujourd'hui, on commence à savoir traiter ces choses-là, mais à l'époque, on ne savait absolument pas comment faire.» «Elle est tombée profondément anorexique et, en vérité, n'en est jamais sortie», poursuit le chef de l'Etat français évoquant sa fille quadragénaire. «Elle est surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ma femme y va en permanence. C'est vraiment le problème de ma vie, et surtout celui de ma femme. On n'a rien pu faire», regrette-t-il. A la question de savoir s'il éprouve un sentiment de culpabilité, il hésite. «Je ne sais pas... Peut-être que l'on n'a pas assez fait, au départ. Je ne sais pas... Peut-être aurais-je dû faire plus, psychologiquement parlant. C'est une fille très jolie, très intelligente. Pour moi, c'est vraiment un point très douloureux.» «Les cellules du cerveau ont été atteintes, elle ne peut rien faire, elle ne veut rien faire. Elle est là... On parle gentiment. On a essayé, avec des gens très gentils, de tenter de l'occuper à un semblant de travail, même non rémunéré... Mais il n'y a rien à faire.» Interrogé sur les coups de poignard politiques à côté d'une telle souffrance, il répond qu'il se «fout éperdument de Nicolas Sarkozy ou tel autre... Je me fous de beaucoup de choses.»