Paradoxe n L 'Algérie, qui est classée 10e au monde en matière de superficie, semble ne pas avoir suffisamment d'espaces pour loger tous ses habitants ! Alors, ils se réfugient dans des cimetières ! Cette réalité amère existe bel et bien en Algérie. Et ce n'est pas à Chlef ou à Batna qu'il faut aller constater ce phénomène. Les vivants «dérangent» le repos éternel des morts même dans la capitale. Ce phénomène, qui n'est pas vraiment nouveau, mais ayant pris des proportions importantes ces dernières années, reflète une situation alarmante. L'Algérien est arrivé à un point où il a perdu tout espoir surtout en matière de logement. «Pour moi, un toit est vital même en enfer ! J'ai 6 enfants et ma femme est une diabétique, ma famille m'a mis dehors, je suis venu habiter dans ce cimetière. Alors même si l'ange de la mort, en personne, vient me déloger je n'aurais pas peur de lui», répond Omar, un père de famille de 43 ans, à la question de savoir s'il n'a pas peur, la nuit. Plus préoccupé pas sa situation, car il habite une baraque de 4x4 m2 avec sa famille, que par la colère des morts. Omar ajoute : «C'est nous qui sommes des morts (vivants) pas eux !» Omar qui travaille comme ferrailleur à Oued S'mar est arrivé au cimetière d'Al Alia en 1994. Selon lui , il avait fui le terrorisme dans sa ville natale de Sidi Bouabida dans la wilaya de Chlef. C'est un cousin à lui qui habite ici depuis 1986 qui l'y a ramené. Le cas de Omar n'est pas le seul. Beaucoup d'Algériens refoulés par les «vivants» ont tenté leur chance à côté des morts. Dans le même cimetière d'El Alia, nous avons aussi rencontré un homme de 53 ans qui habite à … 3 mètres d'une tombe sur laquelle sont inscrits les mots suivants : «ici repose M. S.B., décédé le 13 juin 1977.» Ironie du sort, le mort n'est autre que le frère du voisin (vivant) dans la baraque d'à-coté. Aïssa, le nom de ce dernier, habite ici depuis 1977. «Mon frère était très malade, il m'avait appelé au bled pour me dire de venir occuper la maison à sa place car il sentait son heure approcher. Il m'avait dit qu'il avait vu, dans un rêve, que les morts d'El Alia l'appelaient à les rejoindre. Je ne vous cache pas que durant les jours qui ont suivi l'enterrement de mon frère, j'avais très peur de côtoyer ces milliers de tombes dans cet immense cimetière, mais aujourd'hui, je peux même dormir entre les tombes… !»