Résumé de la 2e partie n Sur ordre du commandant, l'équipage passe le bateau au peigne fin, mais aucune trace de «clandestin». Après avoir longuement hésité, Yann Crozier se décide : — Bon, on va aller dans la direction indiquée. Cap nord-ouest. On verra bien. On ne prend pas de gros risques. Qui sait ? On va peut-être tomber sur une pêche miraculeuse. De toutes les façons, si rien ne se passe d'ici quarante-huit heures, on pourra toujours essayer un autre secteur. En remontant vers le nord-ouest, le «Saint-Yves» aborde des parages dangereux. De petits icebergs dérivent : on en aperçoit une partie mais il faut se dire que l'essentiel est sous la mer. Pas question d'en approcher de trop près. Yann Crozier n'est pourtant pas inquiet. Quelque chose, une sorte d'intuition lui dit qu'il fait ce qu'il faut. Comme s'il recevait un message télépathique. La vigie est particulièrement attentive et scrute l'horizon à la jumelle. Soudain tous les marins qui sont sur le pont, occupés à haler les filets, frémissent : — Navire à tribord ! En fait de navire, le marin de vigie aurait pu aussi bien dire : — Navire pris dans les glaces à tribord ! En effet, dans la lumière éblouissante de cette belle journée glaciale, l'équipage du «Saint-Yves» aperçoit, au détour d'une énorme falaise de glace qui brille de mille feux, un navire, un petit chalutier. Il est prisonnier d'une énorme plaque de glace elle-même prise entre deux énormes banquises. Comment ont-ils pu aller se faire piéger là-dedans ? Tout autour du navire prisonnier, on voit des petites silhouettes humaines qui s'agitent sur la glace. Les marins ont même allumé un feu. En haut du grand mât, un drapeau français. Yann fait mettre un canot à la mer. Il y monte avec Marcel Lodisquer et quatre hommes et, à force de rames l'embarcation se dirige vers la plaque de glace qui s'est refermée sur le navire prisonnier... Là-bas, les hommes ont quitté le feu pour courir vers les marins du «Saint-Yves» : — Ah ben ! Enfin ! On a cru qu'on allait y rester ! Voilà douze jours qu'on est coincés là. Notre radio est tombée en panne. Impossible de réparer. Et puis on sent bien que la banquise se resserre sur notre rafiot. Nous, on est le «Notre-Dame des Mers», de Douarnenez ! Un des marins du «Saint-Yves» étreint un de ceux du «Notre-Dame des Mers». Ils expliquent : — On est cousins germains ! La mer est grande, mais le monde des pêcheurs bretons est petit. Une fois sur la glace, Yann et ses hommes se dirigent vers le chalutier. Pas de doute : la banquise, avec sa force incalculable, a commencé à broyer les flancs du bateau prisonnier. En admettant que l'équipage ait pu survivre jusque-là, c'était le naufrage garanti. Yann et Marcel se hissent sur le pont du Notre-Dame. Le capitaine du navire naufragé surgit du poste de commandement pour les accueillir. Il est accompagné d'un autre homme. Marcel, en train d'escalader les derniers échelons, manque lâcher l'échelle : — C'est lui, patron ! C'est lui que j'ai vu sur le «Saint-Yves» ! Effectivement, le passager du Notre-Dame est un homme distingué, barbu. On raconte le mystérieux message écrit sur l'ardoise. Le capitaine du Notre-Dame donne un détail étonnant : Effectivement, notre passager, le docteur Rozemare, ici présent, est tombé dans un sommeil profond avant-hier. Quand il s'est réveillé, il nous a déclaré : «Ne vous inquiétez pas. Dans un ou deux jours, un navire morutier va arriver et nous tirer de là !» Et le plus fort, c'est qu'il a donné une description exacte du «Saint-Yves» (à suivre...)