Résumé de la 70e partie n Hank, découvrant l'efficacité d'Alvirah, se montre très loquace avec elle et va jusqu'à lui expliquer certaines habitudes propres à la clientèle de cet hôtel... A la fin de son troisième demi, Hank commença à dodeliner de la tête. Quelques minutes plus tard, il était endormi. Sur la pointe des pieds, Alvirah se dirigea vers la table qui servait à la fois de billot et de bureau. A chaque fois qu'elle rapportait l'argent des commandes, elle le rangeait dans la boîte à cigares qui faisait office de caisse. Le bon de commande et la somme due étaient rangés ensemble dans la boîte. Hank lui avait expliqué qu'à minuit, le service d'étage étant terminé, l'employé de la réception comptait l'argent, vérifiait la somme en comparant avec les reçus, et planquait les billets dans le coffre caché dans le bas du réfrigérateur. Les fiches de commande étaient ensuite mises de côté dans un carton sous la table. Il y en avait tout un tas jetées pêle-mêle. Personne ne remarquerait la disparition de certaines d'entre elles. Supposant que les fiches du dessus représentaient les commandes les plus récentes, Alvirah en ramassa une pleine brassée et les fourra dans son cabas. Elle apporta trois commandes supplémentaires au bar entre onze heures et minuit. Entre-temps, incapable de supporter plus longtemps la crasse de la cuisine, elle entreprit de la nettoyer, sous le regard stupéfait de Hank. Après un arrêt rapide au terminus de Port Authority pour se changer, ôter rouge à joues et fard à paupières puis nouer un turban autour de sa chevelure flamboyante, Alvirah descendit d'un taxi à une heure moins le quart. Ramon, le portier de nuit, lui annonça : «Sœur Cordelia est venue. Elle a posé une foule de questions, elle se demandait où vous étiez passée.» Cordelia n'était pas stupide, dut admettre Alvirah. Un plan se formait dans son esprit et Cordelia en faisait partie. Avant de plonger son corps fourbu dans un bain bouillonnant parfumé aux huiles du centre de Cypress Point, Alvirah tria les bons de commande graisseux. En moins d'une heure elle avait réduit les possibilités. Quatre chambres passaient des commandes importantes. Elle repoussa la crainte lancinante qu'elles soient toutes occupées par des joueurs de cartes ou autres et que Willy se trouve en Alaska ou ailleurs à l'heure présente. À la minute où elle avait mis le pied dans l'hôtel, son instinct lui avait dit qu'il se trouvait à proximité. Il était presque trois heures du matin quand elle se glissa dans le grand lit. Malgré sa fatigue, elle ne pouvait trouver le sommeil. Finalement, elle l'imagina, s'allongeant à côté d'elle. «Bonne nuit, Willy, mon chou», dit-elle à voix haute, et elle crut l'entendre répondre : «Dors bien, chérie.» Le jeudi matin, sœur Cordelia arriva à sept heures. Alvirah s'était préparée à la rencontre. Elle était debout depuis une demi-heure, vêtue de la robe de chambre de Willy dont les plis conservaient une légère odeur de sa lotion après-rasage. La cafetière attendait sur la cuisinière. «Que se passe-t-il ?» demanda sèchement Cordelia. (à suivre...)