Dérapage n On a appris que le président de la FAF et un de ses fils auraient reçu des menaces de mort par le biais de sms émanant d'inconnus. C'est dire que cette affaire a atteint réellement des proportions inquiétantes car il s'agit là d'une grave dérive que les autorités compétentes et la justice doivent prendre très au sérieux. L'information a été donnée par un quotidien footballistique national dans son édition d'aujourd'hui. C'est dire aussi la passion et l'ampleur prises par cette affaire que les instances du football (FAF et LNF) ont complètement ratée compte tenu de la légèreté avec laquelle elle a été traitée. Et le bras de fer entre la FAF et le TAS n'est pas près de s'arrêter surtout lorsqu'on sait que l'affaire risque d'atterrir sur les bureaux du TAS de Lausanne, instance internationale indépendante, et dont le verdict est définitif et sans appel pour les parties en litige. Ira-t-on jusque-là, tout porte à le croire vu que chaque partie compte camper sur ses positions, ce qui est encore dommage et dommageable pour le football algérien qui ne s'illustre plus sur le terrain des bons résultats, mais sur celui des scandales. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a beau remettre en cause la décision prise par la fédération algérienne de football (FAF), dans l'affaire Khellidi, en confirmant son premier verdict et en réitérant que la place du RC Kouba est en Nationale Une, l'instance fédérale n'est pas près de revoir quoi que ce soit à quatre jours du coup d'envoi de la nouvelle saison 2008/2009, prévue ce jeudi. Le TAS, pour rappel, a traité le recours de la direction du RCK suite à la décision de la FAF du 26 juillet dernier de maintenir la première décision prise dans cette affaire par la commission règlements et qualification (CRQ) de la ligue nationale de football (LNF), présidée par Ahmed Seddiki. Le 30 juillet, le TAS remet la balle dans le camp de la FAF en réitérant son premier jugement, à savoir la réhabilitation du RCK car, selon ses juristes, il n'y a pas eu de dissimulation d'identité, mais usurpation d'identité de la part d'un joueur, Khellidi, qui évoluait avec les documents officiels de son frère depuis plusieurs années. L'opinion sportive, en général, est convaincue de la bonne foi du club koubéen qui serait victime de hogra, d'autant que la LNF avait traité cette affaire délicate – inédite selon le TAS – sous la menace et dans des conditions qualifiées d'effroyables par les mêmes membres de cette ligue et consignées dans un procès-verbal adressée à la FAF. Malheureusement, cette dernière n'en a cure et ne veut, en aucun cas, revoir sa décision. Pis encore, le président de la FAF a déclaré, hier, qu'il n'y a aucune suite à donner à cette affaire vu que sa décision a été prise et notifiée par écrit à la direction du RCK. Le problème c'est que Haddadj s'est contenté de dire qu'il avait pris cette décision (de maintenir le RCK en Super DII) en son âme et conscience et que, pour lui, dissimuler ou usurper, c'est frauder. Quant au TAS, il s'est discrédité aux yeux du président de la FAF car c'est à lui de prendre une décision, puisque c'est lui le tribunal. Or, le TAS a justement pris une décision dans les limites de ses prérogatives en disculpant le club banlieusard sur le plan du droit, reste l'application du droit sportif, celle-ci relèverait de l'instance gérant le football. Le TAS et les intentions de la FAF l Le TAS pousse le bouchon plus loin en s'interrogeant sur les intentions de la FAF et sur sa capacité à faire le distinguo entre ces deux termes : dissimulation (qui veut dire «ne pas laisser paraître ses intentions ou les cacher, par extension avec complicité») et usurpation (qui signifie «s'emparer par des moyens injustes ou par ruse d'un droit de ce qui appartient à autrui»). La différence est donc de taille et on ne comprend pas pourquoi la FAF s'obstine à ne pas respecter la décision du TAS qui, pourtant, figure comme instance arbitrale dans ses propres statuts. «L'âme et la conscience» du président de la FAF doit donc reposer sur le droit et des références juridiques pour prendre un ancrage juste et réglementaire, d'où les interrogations du TAS et de ses membres qui sont convaincus que l'instance du football ne s'est pas autosaisie, selon le terme légal, de cette affaire pour confirmer ou infirmer sa décision.