Résumé de la 6e partie n Amélie fait la connaissance de Abilene, la personne que son mari lui a envoyée... Vous aimez les vieux films ? — Ceux où il y a des chevaux et des flingues, oui. Elle n'aurait su dire si ce geste était inspiré par sa colère à l'égard de Peter ou par l'absurdité du personnage ; toujours est-il qu'elle lui toucha le poignet. — Abilene, je crois que c'est le début d'une belle amitié. Elle passa une agréable journée, qui l'eût été encore davantage si Peter avait été présent. Abilene, qui connaissait effectivement la ville de fond en comble, l'emmena au Chinese Theater, où elle mit les pieds dans les empreintes de Jean Harlow, tandis que son compagnon plaçait ses bottes dans celles laissées par John Wayne. Puis il lui désigna la vieille demeure de Tom Mix et la conduisit jusqu'à un canyon de Malibu où l'on tournait des westerns du temps du muet. La voiture d'Abilene était une Jeep noire Grand Cherokee, munie d'un pot d'échappement en acier chromé aussi étincelant que ses bottes. Ils dînèrent dans un restaurant où les stars ne venaient plus et retournèrent à l'hôtel. Peter n'y avait laissé aucun message. Devant les ascenseurs, elle se retourna pour remercier Abilene. — Demain, on ira à Juarez ; dit-il. Je vous montrerai où Will Rogers allait s'envoyer en l'air. C'est devenu une usine de bonbons. — Je vous remercie, mais je suis certaine que Peter sera revenu d'ici là. Elle se sentait soudain vidée. Elle en avait assez d'entendre Abilene parler du bon vieux temps. — Je vous appellerai à huit heures. Au cas où il ne serait toujours pas rentré. Il se tenait toujours là, avec son sourire de traviole, lorsque les portes se refermèrent Une fois à l'étage, elle farfouilla dans son sac à main et se rendit compte qu'elle avait laissé sa clé à l'intérieur de la chambre. Elle reprit l'ascenseur à contrecœur et, dans le hall, un employé lui en remit une autre. Elle pivota sur ses talons, prête à repartir, mais se figea sur place en apercevant la longue silhouette d'Abilene vautrée dans un fauteuil club. Il releva son chapeau de cow-boy pour mieux l'observer, puis le remit en place. Elle resta plantée là un moment, hésitant à s'approcher. Finalement, elle jugea que le chapeau constituait une barrière trop dissuasive et remonta dans sa chambre Elle ferma la porte à double tour et mit la chaîne de sûreté. Ensuite, elle se déshabilla en toute hâte et passa une chemise de nuit en coton toute simple qu'elle avait hésité à emporter pour son voyage de noces. Une fois au lit, elle réfléchit à la situation. Est-ce qu'il croyait vraiment la protéger ? Qui sait, peut-être habitait-il trop loin pour se donner la peine de rentrer chez lui s'il avait l'intention de passer la prendre le lendemain matin ? Ce qui était certain, c'est qu'il en faisait trop pour un homme chargé par un ami de distraire sa nouvelle épouse. Ou bien était-ce un genre de filature ? Plus que jamais, elle aurait souhaité que Peter soit là. (à suivre...)