Décidément, pas un mot du gouvernement, plus précisément du Premier ministre, pour soutenir une ministre de l'Education nationale confrontée à l'appétence des syndicats en dépit du travail qu'elle a effectué jusqu'ici et de sa volonté d'aplanir les problèmes. Elle a beau avoir fait tout ce qui relève de ses prérogatives envers les enseignants et satisfait toutes les revendications qui sont du ressort de son secteur, ceux-ci (les enseignants) demeurent non seulement inextinguibles, mais ils continuent à recourir au chantage pour faire abdiquer la tutelle. Ils sont tout simplement motivés par le fait qu'elle réagisse mollement à leurs exigences et à la pression qu'ils exercent sur elle et que sa hiérarchie n'ait pas pesé de son poids aussi bien pour la soutenir que pour situer les responsabilités. Le silence assourdissant du Premier ministre est forcément interprété comme une faiblesse de ce dernier et comme un détachement vis-à-vis de la ministre qui était arrivée à la tête du secteur avec la détermination de mettre en œuvre une véritable réforme du système pédagogique. D'autant plus qu'elle a fait partie (en 2002) de la commission Benzaghou dont le rapport est resté enfermé dans un tiroir pour que des mesures aliénant l'école algérienne soient appliquées. Le résultat, nous le connaissons. Une école livrée aux mains d'arriéristes qui l'ont massacrée et réduite à «fabriquer» des illettrés et à être le nid de la violence. Mme Benghebrit était décidée à remettre l'enseignement sur les rails en l'arrimant aux dispositions proposées par la même commission, et, partant, au savoir universel. Mal lui en prit apparemment, les habitudes ayant la peau dure et l'inertie s'étant figée dans des esprits désertés par le sens du devoir – celui de prodiguer un enseignement aux enfants et de leur inculquer les connaissances – et par la passion du métier. Tout ceci dans une indifférence perceptible du gouvernement, indifférence exploitée par les syndicats de l'éducation nationale qui tiennent à acculer la tutelle même si celle-ci a clairement fait savoir que la prise en charge des points restants relève d'autres parties, en clair, de la Fonction publique qui tarde à se manifester et qui n'a pas été «invitée» à jouer son rôle dans l'assainissement de la situation. Fidèles à leur comportement jusqu'au-boutiste, les syndicats ont appelé à la grève pour la semaine prochaine et pour la semaine suivante (un des syndicats se démarque de l'alliance formée récemment en appelant les enseignants à une action distincte). La ministre, qui «suppose» que «des revendications socioprofessionnelles ont pris le dessus au détriment du volet éducatif», multiplie les appels à la raison tout en recevant les partenaires sociaux, souhaitant qu'ils soient patients et qu'ils ne recourent pas systématiquement à la grève. Le recours à l'arbitrage au cas où le dialogue engagé avec les syndicats n'aboutit pas les poussera-t-il sur le chemin de l'école une fois le débrayage entamé ? Pas si sûr, la décision de justice ayant déclaré illégal leur mouvement de grève en février de l'année dernière, n'a pas pour autant incité les enseignants à réintégrer leur classe par respect du «droit de l'élève à l'éducation et à l'enseignement garanti par la Constitution de la République», argument ayant motivé la décision. R. M.