C'est dans le cadre des Journées du film européen que le long métrage polonais Katyn a été projeté, samedi dernier, en soirée, à la salle Ibn Zeïdoun de Riadh El Feth, pour un public venu nombreux admirer ce chef-d'œuvre. L'histoire remonte à 1937. Nous sommes en Pologne, à Cracovie précisément, la capitale de Voivodie (petite Pologne), qui, en plein hiver, est envahie par les forces de l'ex-Union soviétique. La fameuse Armée rouge, qui a battu les troupes nazies, impose sa suprématie. Andrej est le plus jeune capitaine de l'armée polonaise. En compagnie de leur fille unique Nika, sa femme Anna, dévouée et folle amoureuse de son époux, accompagne Andrej à vélo, dans le froid glacial et tente de le convaincre de fuir la guerre. Mais lui, qui a prêté serment à l'armée polonaise, conscient de sa responsabilité, ne peut faire marche arrière. Désemparée, Anna rentre chez elle avec l'espoir de revoir son époux un jour. En ville, le père d'Andrej, un universitaire de renommée, est convoqué par un certain Dr Muller, représentant de l'Union soviétique, pour une éventuelle réforme dans l'université de Cracovie où il enseigne. Il ne croit pas à cette réforme mais répond à la convocation. Il sera accompagné d'autres hommes de lettres à cette université. Ils seront tous arrêtés et embarqués dans des autobus, direction la prison. Sa femme recevra plus tard une lettre lui annonçant le décès de son époux en prison suite à une maladie. La Pologne est infestée de soldats de l'Armée rouge. Ils sillonnent les rues à bord de chars et clamant au moyen de hauts parleurs : «Nous sommes vos amis, ne résistez pas sinon votre sort sera la mort.» Après leur reddition, les soldats de l'armée polonaise ont été tous emprisonnés. Ces milliers de jeunes soldats sont étudiants, artistes, médecins, architectes et avaient rejoint l'armée pour réaliser leur rêve de vivre dans une Pologne libre. Les années passent, Anna attend toujours Andrej et guette ces maudites listes contenant les noms des morts polonais que l'armée d'occupation placarde sur les murs. Le nom d'Andrej n'y figure pas. Pourchassée par l'armée russe, Anna fuit et rentre chez elle à Cracovie. En prison, un commandant russe pénètre dans une cellule et annonce : «Vous allez changer de camp». Les soldats polonais sont méfiants. Certains pensent qu'ils seront envoyés dans une région neutre. Pas Andrej qui, dès qu'il entend son nom, blêmit. Il est certain que ce voyage sera leur destination finale. Et il a raison. Plus de 4 500 soldats polonais disparaissent dans la forêt russe de Katyn, près de Smolensk. Parmi eux Andrej. Sous l'ordre de Staline, tous ces soldats de la résistance polonaise ont été jetés dans des fosses communes, au cœur de la forêt de Katyn, exécutés d'une balle dans la nuque et enterrés ensuite. Un crime horrible commis de sang-froid. A Cracovie, des rumeurs circulent sur le massacre de Katyn. La confirmation ne tardera pas à tomber, tel un couperet. Des noces funèbres sont organisées dans la forêt et les affaires des morts commencent à arriver dans des colis. Les nazis, qui occupent Cracovie, accusent les Russes, mais ceux-ci nient et affirment que ce sont les Allemands qui avaient commis les massacres. Des photos du massacre circulent. Un prisonnier arrive chez Anna pour lui annoncer le décès d'Andrej. C'est le choc. C'est l'image bouleversante de l'épouse, qui, après 5 longues années d'attente et d'espoir, voit son monde s'écrouler. En somme, Katyn n'est autre que le témoignage d'un peuple martyr, un peuple en quête de liberté et d'une patrie arrachée à lui depuis 123 ans. Le réalisateur a brillamment réussi à faire vivre à son spectateur les états d'âme de tout un peuple à travers ce film où les décors très réalistes et joignent la froideur du temps à celle de l'ennemi. Réalisé en 2007, Katyn rejoindra probablement la liste des chefs-d'œuvre cinématographiques polonais. W. S.