Avec le temps, ils ont fini par s'accaparer des pans entiers de l'espace public. Grâce à ce fait accompli, ils y ont créé un état de non droit. Pour mieux y défier l'Etat en permanence et y exercer un pouvoir de fait, parfois violent, sur les automobilistes. Eux, ce sont les «parkingueurs» hors-la-loi. Cette masse anonyme de jeunes sans emploi et autres petites frappes devenus des caïds du parking anarchique. Des racketteurs d'automobilistes en mal de stationnement dans des villes envahies par les voitures dont le parc a cru, de manière exponentielle, ces dernières années. Rien qu'à Alger, on a estimé leur nombre à plus de 3 000 en 2015 ! Le temps passant, ce racket est devenu lucratif, certains «parkingueurs» pouvant glaner plusieurs milliers de dinars par jour, gagnant ainsi leur vie mieux qu'un professeur d'université, un médecin public ou un haut fonctionnaire. Et sans verser un seul dinar d'impôt ! Le phénomène s'est tellement répandu que le mot «parkingueur» est entré dans le langage courant et est devenu le symbole même de l'absence de l'Etat dans l'espace commun. Or l'Etat, c'est la garantie d'assurer la sérénité et la sécurité sur la voie publique. Ce n'était pas le cas depuis plus d'une décennie avec l'existence de ces petites gouapes pas toujours pacifiques. Mais, apparemment, c'en est fini ou presque puisque les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure du préjudice subi par les citoyens-automobilistes. Au point de faire désormais la chasse à ces chenapans qui contribuaient, à leur mauvaise façon, à l'expansion de la culture du gain facile et sans contrepartie pour la collectivité nationale. En effet, on apprend que les services de la police judiciaire de la wilaya d'Alger ont éradiqué récemment 263 parkings illégaux et déféré devant les juges 266 «parkingueurs». Pour le seul 9 août dernier, 25 nouveaux parkings sauvages ont été recensés. C'est dire que l'éradication totale et définitive du phénomène prendra du temps. Faire disparaître les «parkingueurs» souvent munis de gourdins et parfois armés de couteaux, c'est bien et il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais le mieux, c'est de trouver une solution intelligente et satisfaisante au difficile problème de stationnement dans l'aire urbaine. Elle pourrait provenir, par exemple, de l'installation de parcmètres munis d'horodateurs et gérés par les municipalités, en partage, pourquoi pas, avec des privés. Des parcmètres sécurisés et contrôlés. Avec cette idée de créer autour des emplois et drainer une partie des revenus dans les caisses des communes qui en auraient vraiment besoin. Cette solution est déjà à l'essai dans certaines rues d'Alger-Centre. L'expérience mérite d'être suivie. Au grand soulagement des automobilistes qui souffrent de cette entreprise d'extorsion brutale de fonds. Au point, comme à Oran, de se rebiffer et d'appeler, via Facebook, à ne plus payer un rond à la canaille de la chaussée. N. K.