De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Il ne faudrait surtout pas user de raccourci pour affirmer qu'en Algérie plus qu'ailleurs la boxe est une discipline dont les performances sont d'abord à mettre sur le compte des institutions sportives nationales. En fait, elle n'a eu comme terreau originel que la rue et sa prise en charge a contribué à créer les conditions idoines d'accompagnement du talent chez les pratiquants de ce sport. Ainsi, chacun aura beau pérorer sur l'écurie algérienne constituée des Moussa, Kouchene, Soltani. Ces derniers à l'image de bien d'autres qui les ont précédés sont tous venus de la rue. Autrement dit, des petites et nombreuses salles qui parsemaient les quartiers populaires des villes algériennes à une période où être boxeur était une étiquette lourde à porter. En fait, nous ne ferons que défoncer des portes déjà ouvertes en ce sens que les Rocky Graziano, Joe Louis, Jack Dempsey, Jacky Lamotta, Nino Benvenutti, Jean-Claude Boutier, et plus tard Andy Griffith, Mohamed Ali, Carlos Monzon jusqu'au sulfureux Tyson, tous ces boxeurs se sont forgé une réputation dans la rue. Cette énergie est canalisée dans des gymnases pour qu'enfin la boxe soit encadrée, autrement exploitée et en bout de parcours définitivement normalisée selon des canons établis. Comme tout sport populaire, elle sera déplacée du stade de la compétition à celui du spectacle jusqu'à diluer l'essence même de la discipline. Les grandes villes algériennes ont eu, au lendemain de l'indépendance, de nombreuses salles de boxe, à commencer par les associations sportives de football qui pullulaient dans chaque cité, si infime serait leur dimension ou les moyens dont elles disposaient. Il est vrai que nombreux étaient les pugilistes qui se prenaient directement en charge si tant est qu'ils disposaient de moyens, sinon pratiquaient un sport où l'énergie dépensée est parfois phénoménale sans disposer de moyens et encore moins des conditions de récupération. Seule la volonté des boxeurs prévalait et l'obstination de quelques entraîneurs qui continuaient à croire en idéalistes à la résurrection d'un sport qui forge le caractère de véritables battants. Depuis une vingtaine d'années, la courbe de la boxe en Algérie est fluctuante et sa particularité est l'absence de continuité dans les résultats et la performance. Ces derniers viennent en alternance, supplantant une période bonifiée sur les plans national et international par une traversée du désert. Une période durant laquelle à chaque fois est remise en question l'absence d'une politique de formation à long terme et partant d'une mise en valeur soutenue d'un sport qui ne pourrait pourtant que valoir des satisfactions au pays compte tenu des prédispositions naturelles de ceux qui le rallient. Les résultats en dents de scie des boxeurs algériens qui s'exportaient à un moment donné de leur carrière, au demeurant le meilleur moyen de jauger de leur valeur, ne semblent pas interpeller les responsables des instances de la discipline. Si après des résultats probants ou décevants des résolutions sont prises, elles ne restent qu'au stade de l'effet d'annonce sans plus. Car, immédiatement après, aux mêmes causes succèdent les mêmes effets. Aujourd'hui, les fédérations ont été renouvelées, et il existerait semble-t-il du sang neuf et des compétences qui ne demandent qu'à être mis en valeur ainsi que leurs capacités. Attendons donc pour juger sur pièce lors des prochaines échéances internationales. L'essentiel serait d'ores et déjà de procéder à un toilettage interne de la discipline et surtout de mettre en place un programme sportif conséquent.