Photo Riad Par Salah Benreguia Engagée depuis quelques années, la réforme bancaire, avec la loi relative à la monnaie et au crédit comme cadre institutionnel, a connu, certes, des avancées, mais reste de l'avis même des responsables insuffisante. Beaucoup de concepts ont été, il faut le dire, introduits, mais sans pour autant avoir un système bancaire très performant. «On avance mais moins vite que les autres pays», concluent, en somme, plusieurs experts. L'observateur assidu de la scène financière algérienne résume ces avancées sur trois chapitres, dont l'application sur le terrain commence à se faire graduellement sentir. Il s'agit en effet de l'industrie du paiement, de rationalisation et de l'optimisation des opérations avec les étrangers et, enfin, du marché du crédit. Ces trois éléments, au demeurant essentiels pour chaque système bancaire, ont connu des avancées et des liftings. L'objectif visé par les pouvoirs publics est d'avoir, au moins à moyen terme, un système bancaire très efficace, ce qui contribuera, à coup sûr, à l'amélioration de notre climat des affaires, avec comme résultat direct, une économie performante. «Notre potentiel d'attractivité est important, aussi bien sur le plan national qu'international. Compte tenu des ressources que nous avons, de l'étendue du marché que nous possédons et des perspectives qu'offre notre marché, l'amélioration en amont et en aval de notre système bancaire devient une nécessité absolue», nous a déclaré d'emblée le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), Abderahmane Benkhalfa. Pour ce responsable, le processus de la réforme du système bancaire a connu une avancée considérable ces dernières années, mais loin est l'idée de dire qu'il est totalement performant. Quelles sont les nouveautés introduites puis mises en œuvre dans le cadre de cette réforme ? A cette question, notre interlocuteur a tenu à sérier ce qu'il qualifie d'avancées en les résumant dans trois chapitres. Il s'agit, en premier lieu, de l'industrie de règlement et de paiement. «L'Algérie dispose maintenant d'un système dématérialisé des traitements des chèques. Le prélèvement des virements qui permet de ne plus travailler sur des mois mais seulement des semaines et des heures est mis en route. Il permet des virements aux entreprises qui drainent des milliards de dinars de gérer à l'heure leur trésorerie», se félicite-t-il. Ce point est axé, aux dires de cet expert, sur trois piliers : la dématérialisation (l'usage du papier commence à cesser), la sécurisation des opérations de flux et, enfin, l'extension des points bancaires sur tout le territoire national. Concernant la sécurisation des transactions commerciales, notre source a laissé entendre que cette démarche s'inscrit dans le sillage de la politique visant à éviter les détournements et autres formes de délinquance bancaire qui ont, faut-il le souligner, éclaboussé la place financière nationale ces deux dernières années. «Avec ces mécanismes, il y a de moins en moins de fraude sur de plus en plus de mouvements de capitaux, synonyme d'avancée de l'économie», ajoute-t-il. Concernant l'extension, les avis de plusieurs experts et spécialistes en la matière convergent en un seul point : un grand décalage dans l'extension du réseau bancaire algérien. Même M. Benkhelfa reconnaît cette réalité. «Nous avons sur tout le réseau plus de 1 400 points, avec un rythme moyen de 100 nouveaux points par an, et cela permettra aux gens de Tébessa de commercialiser avec les gens de Tlemcen ou de Béchar», souligne-t-il, avant d'ajouter qu'un point bancaire sur 25 000 habitants n'est pas suffisant. «Nous travaillons pour que cela arrive à un point, pour les 15 000 habitants, dosé de technologie et de sécurité et surtout de management et de bonne gouvernance», soutient-il plus loin. L'élargissement de la couverture bancaire sur tout le territoire national est un élément important, selon les économistes. Enregistrer un retard en la matière causera un grand préjudice aussi bien à la banque qu'aux clients. «Lorsque nous enregistrons un retard en matière de couverture, nous subirons des conséquences négatives sur les besoins et les services», nous a expliqué un expert en sciences commerciales interrogé sur ce sujet. Le marché du crédit : les reproches des économistes L'autre point inscrit dans le cadre de cette réforme a trait au marché du crédit. En effet, les autorités monétaires algériennes ont beaucoup misé sur ce chapitre, sans, au final, donner les résultats escomptés. Preuve en est : l'ire de certains opérateurs économiques qui se plaignent du manque, voire, dans certains cas, de l'absence du financement des banques nationales. Côté officiel, on nous a laissé entendre que le financement de petites, grandes ou moyennes entreprises, ou à capitaux mixtes, s'est étendu avec, à la clé, chaque année, un progrès de 15%. Aux dernières statistiques bancaires, le stock de financement à l'économie et aux particuliers a dépassé 2 500 milliards de dinars de crédits injectés pour toutes les entreprises. «Sur ce point [le marché du crédit et la politique de financement], il y a un travail qui s'opère et qui n'est pas achevé sur les procédures, l'évaluation des projets et, enfin, sur la gamme des produits offerts», ajoute le premier responsable de l'ABEF, pour lequel, actuellement, il existe, entre autres, le crédit aux particuliers et le crédit syndiqué, le leasing. Du côté des experts, on évoque également les lenteurs bancaires dans le traitement des affaires et les dossiers de crédit. «Malgré le processus de modernisation entamé depuis plus de deux ans, le système est toujours à la traîne», nous a précisé un ancien cadre banquier. Le troisième et dernier élément, qualifié d'important, a rapport aux compétences acquises dans le traitement des affaires avec les étrangers. Sur ce point, M. Benkhelfa nous a fait savoir que notre pays travaille d'arrache-pied pour améliorer ses prestations avec les étrangers. «Nous avons des millions d'opérations avec des milliards de dinars de l'étranger vers l'Algérie et de l'Algérie vers l'étranger et les responsables de banques améliorent de mieux en mieux le traitement de ces opérations», signale-t-il.