De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Le livre algérien est présent de manière autonome, dans un espace identifié, à la grande foire parisienne de l'écrit depuis 1995. Cela, hormis 2003 (l'Année de l'Algérie en France, co-financement public), grâce à la seule volonté farouche des éditeurs algériens et à l'aide du pays hôte qui mettait à leur disposition un stand, plutôt petit, sans faire admettre la moindre requête, dans le cadre des échanges culturels. Cette anomalie, qui faisait que les éditeurs et les écrivains ne se sentaient ni soutenus ni aidés par les autorités compétentes de leur pays, vient, enfin, de prendre fin. Pour l'édition en cours, le stand inauguré jeudi soir, en présence d'invités très nombreux et de l'ambassadeur d'Algérie en France, M. Missoum Sbih, est financé intégralement, donc pour la première fois, par le ministère algérien de la Culture. En plus de la symbolique, il s'agit là d'une aide matérielle et d'un acte politique apprécié unanimement par les éditeurs, soulagés quelque part de jouir de leur autonomie et de savoir que l'Etat est avec eux. Reste à savoir si le ministère de la Culture garantit la pérennité de son action. L'engagement de cette année fera-t-il jurisprudence ? Premier effet positif de la nouvelle donne : la superficie du stand. Avec 80 m2, l'espace est largement plus grand, donc mieux agencé que d'habitude. Deuxième effet positif : la guéguerre entre associations d'éditeurs et de libraires a apparemment disparu. «Il y a ni SNEL, ni SPL, ni ASLIA, il y a un stand de l'Algérie», nous a assuré le responsable du stand, M. Mostefa Kallab Debbih, directeur général de la maison d'édition et de diffusion Dar El Houda. Il a précisé qu'il partageait cette responsabilité avec l'APIC de Karim Cheikh. Un mandat attribué par le Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), l'organisateur habituel et historique du stand algérien au salon du livre de Paris. La présence algérienne au 29e Salon du livre se manifeste par l'exposition vente de 536 titres édités entre 2007 et le début de cette année. Elle donne ainsi un tableau pratiquement complet de la production éditoriale du pays. Les ouvrages sont proposés par 43 éditeurs. Des ventes dédicaces sont organisées quotidiennement. Au hasard des jours et des heures, les visiteurs peuvent voir attablés, stylo à la main, Abdelaziz Ferrah, auteur de Le Temps d'une halte, rencontre avec l'Emir Abdelkader (éditions APIC), Abderrahmane Khelifa avec Histoire d'El-Djazaïr et Honaine (éditions Dalimen), Chahira Guerouabi, la femme de l'artiste, qui a écrit, en collaboration avec Catherine Rossi, le tout nouveau Guerouabi, le Jasmin, la Rose et le Néant (Casbah éditions), et une quinzaine d'autres auteurs dont Lazhari Labter, Nourredine Saadi, Ali Haroun et Anissa Bouayed. Sans oublier les Yasmina Khadra et autres Salim Bachi qui, eux, activent ailleurs. Dans les stands de leurs éditeurs français.