De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'Amérique d'Obama veut éclairer ses étoiles en art davantage et en profondeur après une traversée du désert sous le règne de Bush, qui avait lésiné sur les dollars, «laissant libre cours au bénévolat…». Pour cela, l'actuel président américain aura nommé l'actrice Sarah Jessica Parker au comité administratif des arts et des lettres. En Algérie, du moins à Constantine, aucun «sosie» d'acteur ni d'artiste n'est pris en compte dans une composante culturelle. En revanche, les mannes destinées au secteur culturel abondent, mais la soif d'enrichir l'esprit n'est pas étanchée. L'âme n'y est pas. Pour preuve, la capitale de l'Est est loin d'épouser son statut de ville de la culture. Sans se lancer dans un débat qui remue le couteau dans laplaie des rares artisans susceptibles, la réponse est évidente : que de récupération, sinon de la facilité du «copier-coller» faute d'inspiration des acteurs principaux censés booster les arts en diverses formes. On tourne autour du pot. Les présumés animateurs s'agrippent aux apartés, aux lobbies au lieu de provoquer un débat apte à ranimer les muses et inonder les esprits sains avides de matière nourrissante, la culture. Ainsi, le fossé demeure assez profond entre l'offre et la demande. Et en pareil cas, on frôle les attentes du consommateur culturel pour avoir sauté une démarche fort importante. Celle du sondage et de la mise à niveau des «institutions culturelles» pour rester dans l'universalité et sortir du ghetto de la province… isolée. On ne le répètera assez jamais, la socialisation de la culture. C'est toute la problématique dans la prise en charge réelle des envies des lecteurs, des cinéphiles, des mélomanes… On ne peut se contenter de l'organisation d'une seule manifestation culturelle par an sans qu'elle soit relayée par des répliques, fussent-elles modestes, afin de rester dans une ambiance perpétuelle. La wilaya demeure l'éternelle sentinelle des festivals institutionnalisés (jazz et malouf) pour répondre à une frange d'initiés. Que fait-on pour les autres passionnés dans 'expectative d'un retour d'écoute ? A titre d'exemple, la lecture se cherche encore quoiqu'il existe quelques mécènes locaux se comptant sur les doigts d'une main qui la «foliotent» pour la proposer au lecteur. Toutefois, une hirondelle ne fait pas le printemps bien que le lectorat reste en nette régression non pas par manque de titres ou d'ouvrages de qualité, mais par la cherté qui frappe les ouvrages et les romans de référence. «C'est toute une politique qu'il faut mettre en place pour permettre à chacun de disposer d'un livre de son choix. Malheureusement, la subvention aura touché à tout sauf au créneau du livre», souligne un lecteur féru de romans. Les bibliothèques communales jouent au substitut «financier» par excellence des adeptes livresques. Mais, là aussi, il faut avouer qu'il n'y a pas bousculade au portillon. «C'est pratiquement les lycéens et les universitaires qui sollicitent les espaces pour réviser leur cours, sans plus. Pourtant, on détient une collection importante d'ouvrages anciens et nouveaux», précise la responsable des lieux, indiquant que les espaces sont alimentés presque en continu grâce aux dons et avec les moyens de bord. Par cette lecture, on dénote sans ambages que les fervents lecteurs sont aussi devenus une denrée rare. Certes, le phénomène est mondial auquel les pays les plus développés tentent deremédier. A Constantine, il est des tranches d'âge qui ont pratiquement renoncé à cet aliment inégalable, le livre. Une appréciation de quelques spécialistes renvoie le manque d'engouement bien évidemment à l'élargissement de la Toile (Web), mais aussi à un décalage entre le goût du lectorat et l'approvisionnement aléatoire dans quelques espaces publics. Ce qui pousse les rares mordus à rester aux aguets des nouveautés chez des libraires branchés. Pour ce qui est des cinéphiles, ils se contentent de DVD ou de téléchargement de films sur le Net. Constantine tourne le dos à ses salles de cinéma. Aucune décision n'est venue rompre cette monotonie en dépit des promesses tenues par la tutelle et les responsables locaux sur la réouverture de ces lieux fermés depuis plus d'une décennie. La commune qui aura assaini les dossiers des premiers locataires affiche le black-out. La direction de la culture, toujours assurée par un intérimaire et promise «responsable» de ces espaces, tarde à faire des propositions pour entériner les futurs cahiers des charges. A cet effet, le chef de l'exécutif semble être interpellé pour donner son point de vue sur la nature de la gestion de ces salles puisque des comités culturels ont été mis en place dans toutes les communes, dont le chef-lieu. «Ce n'est qu'une question de temps», laisse-t-on entendre auprès des cercles officiels. Alors que les amateurs adeptes du grand écran auront déjà oublié… l'entrée des salles. Exploiter les salles à bon escient loin de tout calcul qui ne travaille pas le volet culturel est le vœu des cinéphiles. Fini le temps des opportunistes n'ayant aucun lien avec le film. Faudra-t-il encore écarter les exploitants à la touche commerciale sous le couvert culturel. Les cinémas constantinois n'ont pas besoin d'un registre du commerce, encore moins d'un agrément, pour «maculer» à nouveau les écrans, mais d'un sang nouveau qui réponde à la demande locale. Un art qui devrait associer universitaires, collégiens et lycéens pour éluder un éventuel dépérissement du grand écran. Que des entraves pour la promotion de la culture à Constantine !! A l'exception des programmes «officiels» subventionnés sans compter. Avec des réflexions en rase-mottes sur la multiplication des initiatives culturelles, la capitale de l'Est privera, sans le savoir, ces perles rares «fouineuses» qui pourraient être porteuses de projets afin d'éclipser les «bavards» opportunistes.