De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Contre toute attente, les responsables de familles ont été ébranlés par ce tsunami nommé article 75 de la LFC. De fait, au moment où les Algériens croisent les doigts pour «une rétribution majorée afin de faire face à la dégradation d'achat, ils ont été mis K.-O. par cette loi et ce, à quelques jours du Ramadhan et de la rentrée sociale. Soit deux évènements dont chacun nécessite un budget particulier», martèle un citoyen. Quel refuge reste-t-il pour les ménages aux faibles revenus face à la sentence de suppression du crédit à la consommation édictée dans la loi de finances complémentaire ? La bouffée d'oxygène que les banques accordaient et sur laquelle les citoyens misaient pour améliorer leur quotidien vient ainsi donner le coup de grâce à leurs projets. «C'est une décision prise à la hâte sans grande réflexion et qui pénalise par-dessus tout la classe moyenne déjà fragilisée», a déclaré un employé d'administration. L'interprétation théorique de cet article consigné dans la LFC reste tout de même divergente… Si certains experts estiment que cette mesure pourrait contribuer à un équilibre de la balance des paiements, d'autres, en revanche, entrevoient d'ores et déjà une prolifération du marché de l'informel ayant lien notamment à celui de l'automobile. En parallèle, on avance que la suppression du crédit ouvre une voie supplémentaire aux taux d'intérêt élevés qui seront appliqués, et dépassant ainsi largement les pourcentages appliqués jusque-là par les systèmes bancaires. Il va sans dire que l'impact de la loi s'est fait ressentir non seulement dans les cercles automobiles, mais également dans les grandes surfaces où sont vendus des appareils électroménagers. «Quelle mouche a piqué les pouvoirs publics pour se prononcer à notre place. Le consommateur est libre et responsable de son endettement», affirme un autre citoyen qui envisageait de contracter un crédit en vue d'entreprendre quelques aménagements dans son appartement. Maintenant que les crédits à la consommation font bel et bien partie du passé, les petites bourses n'ont plus qu'une alternative : le paiement à gré, si les concessionnaires et autres opérateurs acceptent de l'adopter. Cependant, les chèques de garantie qui vont suppléer aux prêts bancaires coûteront assurément des dinars d'intérêt en plus. «Avec la taxe promulguée sur le véhicule neuf du temps du crédit automobile, j'ai fait machine arrière, alors comment puis-je solliciter ce marché avec la suppression définitive du crédit ?» désespère un jeune qui venait de verser son apport initial. Tandis que le crédit auto est perçu tel un octroi de luxe pour certains ménages, d'autres se lamentent beaucoup plus sur les autres types de crédits bancaires. Combien de familles comptaient assaillir les banques avant l'entame du Ramadhan ? On n'en saura pas le nombre exact mais la réponse alarmante reste visible. La rue Thiers accueille quotidiennement des masses importantes de femmes et d'hommes venus mettre au clou leurs bijoux poinçonnés pour se procurer un petit budget qui leur permettra de tenir. «Heureusement que je dispose de ces petits tocs qui me permettent de subvenir aux frais du mois de carême», confie une femme. La banque de gages demeure l'ultime recours des familles à revenus modestes. Et non seulement pour subvenir aux besoins journaliers, mais aussi pour parvenir à assurer des soins, préparer des mariages, payer des loyers,… «C'est la banque de la dernière chance». Avec le Ramadhan et la rentrée sociale, les citoyens mal lotis sont «obligés» de faire des emprunts, si ce n'est pas à la banque, ce sera aux prêts sur gages ou chez les amis ou la famille… Tant que le pouvoir d'achat reste faible, avec ou sans crédits à la consommation, c'est la chute dans l'endettement, sans parachute ni filet… social