Photo : Riad Par Samira Imadalou Le moment n'est pas encore arrivé pour le lancement des fonds souverains par l'Algérie. C'est l'unanimité chez les experts algériens ayant participé hier à la table ronde organisée au forum d'El Moudjahid autour de cette question d'actualité. La décision du ministre est sage. L'heure n'est pas pour les fonds souverains. «Il est nécessaire de poursuivre cette gestion prudentielle», se sont-ils accordés à dire. L'importance des risques et la fragilité de l'économie nationale sont les arguments présentés par la majorité des intervenants. «Nous avons besoin d'une relance économique, de réhabiliter l'entreprise et d'améliorer l'outil de production plutôt que d'aller au chevet des entreprises multinationales», a déclaré à ce sujet M. Djamel Djerrad, expert-comptable et cadre au ministère des Finances. Et d'ajouter dans ce sillage : «Les 44 milliards de dollars placés dans le Fonds de régulation des recettes sont loin de pouvoir servir de matelas financier pour un tel fonds. Après la chute du prix du pétrole, on ne retrouvera pas ces fonds. C'est une option très risquée.» Et ce, au moment où l'économie algérienne est loin d'être diversifiée. Elle demeure dépendante des exportations d'hydrocarbures et n'a pas pu encore développer d'autres secteurs capables d'atténuer cette dépendance, comme l'agriculture, l'industrie ou encore le tourisme. Le DG de la Société de gestion de la Bourse des valeurs (SGBV), M. Mustapha Ferfara, partage cet avis. Il a d'ailleurs rappelé dans son intervention le manque de visibilité de l'Algérie envers les conséquences de la crise financière internationale, «les subprimes». Une crise qui a fait perdre, selon lui, aux différents fonds souverains internationaux près de 67 milliards de dollars en 2007. Un montant investi dans le rachat des actions des banques américaines frappées de plein fouet par ladite crise. Comme alternative, le DG de la Bourse a suggéré la création d'un petit fonds souverain à travers une prise de participation limitée mais diversifiée dans des actions de grandes multinationales et des obligations de Trésor d'autres pays afin de diversifier les risques et fructifier d'une manière sécurisée les revenus du pays. «Au lieu d'acheter des bons du Trésor américains, pourquoi ne pas le faire auprès d'autres trésors asiatiques ou autres ?», a-t-il proposé. Mme Meriem Inal, professeur à l'université d'Alger, a, pour sa part, préconisé la création d'un fonds accompagnant les grandes sociétés algériennes comme Sonatrach dans l'investissement à l'intérieur du pays avant de se développer en Afrique. Le représentant de la Banque de développement local (BDL) a rappelé qu'il y a des mécanismes d'investissement en Algérie au lieu d'opter pour les fonds souverains. «La création d'un fonds d'investissement n'est pas logique», a-t-il estimé. A titre indicatif, les fonds souverains qui sont des fonds d'investissement créés par des Etats pour investir notamment à l'étranger les revenus provenant de l'excédent de leurs balances, et pour la première fois au Koweït, en 1953, disposent actuellement de 3 200 milliards de dollars représentant 1,3% des actifs financiers circulant dans le monde. Le montant pourrait atteindre 12 000 milliards en 2015 pour des actifs financiers de l'ordre de 15%, selon le DG de la Bourse.