Photo : Siad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Pour le faire, il faut aimer de tout son cœur et pour continuer, il faut avoir des nerfs d'acier. Investir une fortune dans un désert foncier appelé indûment «zone d'activités» dans une filière à risques, à savoir la biscuiterie et la chocolaterie, et surtout en Kabylie et pendant la deuxième décennie d'instabilité politique qu'a connue la région. Le secret ? Pour la famille de M. Si Tayeb Abderrahmane du village de Tidmimin, sur les hauteurs d'Azeffoun, le créneau, la farine, la pâte, le four… n'ont justement pas de secret. « Moi-même déjà je suis petit-fils de commerçant, mon grand-père avait une boulangerie à Alger où vivait toute notre famille ; j'ai côtoyé le pétrin à l'âge de 4-5 ans, tous les membres de ma famille étaient élevés dans l'univers et la culture du pétrin», nous dit M. Si Tayeb Abderrahmane dans son bureau de directeur de la SARL Biscal, entreprise versée dans la biscuiterie avec sept variétés fabriquées grâce à une ligne de 100 mètres. Biscal est de ces entreprises familiales qui ont réussi à tisser un réseau d'emplois et de solidarité dans le milieu social où elles évoluent. Biscal et la localité d'Azeffoun ne font qu'un de l'avis de beaucoup d'habitants. Situés dans la zone d'activités de la commune d'Azeffoun, face à la grande bleue, à une soixantaine de kilomètres à l'extrême-est de Tizi Ouzou, les concepteurs de Biscal se sont sûrement armés d'énormément de volonté pour se lancer dans cette filière où la concurrence inégale fait des dégâts importants aux produits locaux et dans une conjoncture assez critique pour la région, alors que les tracas administratifs sont servis en gros à chaque sollicitation dans les bureaux des institutions et d'organismes publics. M. Si Tayeb Abderrahmane est médecin de formation et a roulé sa bosse dans les hôpitaux publics de Zeralda et d'Azeffoun pendant treize années avant de changer complètement de cap et de retomber dans…le pétrin et de vouloir y rester aussi longtemps qu'il vivra. «Vers fin 1997, le projet d'une biscuiterie a germé au sein de la famille, nous maîtrisions le métier et puis il y avait les avantages de la solution APSI qui nous avaient aussi attirés ; par la suite on s'est rapproché de l'OPI [Office de promotion de l'investissement] de la wilaya de Tizi-Ouzou et en 1998, on a eu le terrain ici à la zone d'activités d'Azeffoun» , se rappelle le directeur sans regretter les difficultés et les problèmes endurés seul face à plusieurs murs d'incompréhension. A ce propos, il ne voudrait pas s'étaler : «On a accepté la difficulté et on a fait face aux problèmes ! » coupe-t-il court à chaque fois que l'on insiste sur son parcours du combattant. Les machines ont été mises en service en 2002 après la «très chère facture» de la viabilisation, à la charge de la SARL, de l'assiette de terrain de la zone d'activités (trois mille mètres carrés). L'acquisition et le montage de la ligne de la biscuiterie importée d'Autriche ont été effectués dans de bonnes conditions et l'usine a démarré avec trente-cinq ouvriers. «Cela n'a pas été facile de lancer une nouvelle activité économique avec les douloureux événements du printemps noir qu'a vécus la région à cette période», dit-il. Biscal a pénétré «progressivement» le marché et est arrivée à employer à présent entre cent soixante-dix et cent quatre-vingts ouvriers en plus de disposer d'une flotte de distribution qui dessert les trois dépôts de l'entreprise situés à Alger, Oran et Sétif. «L'année 2008 a été la meilleure à tous les niveaux pour Biscal, nous avons senti que nous méritons notre place sur le marché ; cela est dû en partie à l'entrée en vigueur de la condition de bloquer en banque 20 000 millions de dinars, ce qui a donné lieu à une baisse de l'activité d'importation», se réjouit le médecin, qui n'a pas la même impression pour cette année 2009 marquée par la crise mondiale. La nouveauté des implications sur le marché, la LFC 2009, est aussi responsable de la baisse d'activité dans le secteur en raison de la rareté donc de la cherté de la matière première qui a fait augmenter les prix ; par exemple, le prix du sucre a doublé en moins d'une année, la graisse végétale a aussi augmenté au même titre que les produits de matière première. «La LFC est bonne du point de vue économique pour les entreprises algériennes mais a besoin de temps pour donner des résultats attendus », évalue-t-il.