Les séropositifs devraient entamer un traitement contre le virus VIH du SIDA un an ou deux plus tôt que cela ne se fait actuellement, selon les nouvelles recommandations aux médecins publiées, hier (à la veille de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre) par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces conseils de l'agence onusienne pourraient doubler le nombre de personnes suivies, ajoutant trois à cinq millions de patients aux quelque cinq millions attendant déjà d'être traités. Depuis les précédentes recommandations, émises en 2006, plusieurs études ont montré que les personnes contaminées qui étaient traitées plus tôt avaient de meilleures chances de survie. L'OMS conseille aux médecins de traiter les séropositifs dès que leur nombre de cellules CD4, qui sert à évaluer l'état du système immunitaire, descend aux environs de 350 par microlitre (ou millimètre cube, mm3) de sang, et non plus à 200. Dans la plupart des pays occidentaux, les patients contaminés par le VIH reçoivent un traitement à partir d'une numération de 500 CD4. Les scientifiques ont établi de façon certaine que les patients séropositifs avaient tout intérêt à entamer le traitement antirétroviral plus tôt, car ils courent sinon davantage de risque d'attraper une maladie potentiellement mortelle comme la tuberculose ou de développer d'autres complications quand ils entameront leur traitement, selon David Ross, spécialiste du SIDA à l'Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de Londres. L'OMS recommande aussi aux femmes enceintes séropositives de commencer le traitement plus tôt et de le suivre pendant qu'elles allaitent. L'agence de la santé des Nations unies conseille par ailleurs aux pays de cesser progressivement d'utiliser la stavudine (d4T), un antirétroviral, en raison de ses effets secondaires toxiques. Si des pays où l'épidémie est importante suivent ces recommandations, de nombreuses personnes devraient vivre plus longtemps et en meilleure santé, estime dans un communiqué le Dr Hiroki Nakatani, sous-directeur général de l'OMS pour le département VIH/SIDA, tuberculose, paludisme et maladies tropicales négligées. Les nouvelles recommandations de l'OMS soulèvent toutefois la question du financement de ces traitements à vie par les pays et agences, sachant qu'environ quatre millions de personnes infectées par le VIH sont déjà traitées dans le monde et que cinq millions d'autres attendent de l'être. Les médecins pourraient par ailleurs rencontrer des difficultés à convaincre les patients séropositifs de commencer leur traitement plus tôt, quand certains ne présenteraient encore aucun symptôme du sida. En outre, suivre un traitement plus longtemps risque d'accroître la résistance. A. P.