Il faut assister à une rencontre au Nou Camp, avec un public catalan d'abord et cosmopolite ensuite parce que venu de toutes les régions du monde, pour saisir toute la dimension du football espagnol en général et son enracinement régional historico-culturel en particulier et mieux comprendre les raisons pour lesquelles le FC Barcelone est et restera, comme la preuve en a été apportée depuis près d'un demi-siècle, autrement dit après l'hégémonie madrilène et le soutien sans commune mesure des franquistes, le meilleur club du monde. Lors de sa dernière rencontre, le leader n'a laissé aucune chance à Valladolid (4-0), relégué en division inférieure. Quant à Malaga, face à la richissime armada du Real de Madrid, il a arraché le point qui lui permettait d'assurer son maintien. Ne faisant pas leur le fameux «Carpe diem», les protégés de Pepe Guardiola, quoique ne négligeant pas de fêter, légitimement, le titre de champion ne serait-ce que pour le plaisir de leurs coéquipiers étrangers (Milito, Ibrahimovic, Messi, Marquez...) ont arboré des tee-shirts qui rappelaient que tous les défis qu'ils relevaient, les succès qu'ils remportaient étaient à mettre sur le compte de l'histoire d'abord et de l'orgueil individuel ensuite. De sept à soixante-dix sept ans, blonds, bruns, noirs, Européens, Africains, hispaniques des deux sexes, plus de 100 000 spectateurs ont assisté au sacre final de la dream team, une formation que, quiconque entame une relation avec le football, ne peut qu'aduler envers et contre tous, pour le meilleur et pour le pire. L'emblème national algérien flottait à foison dans les travées de l'arène, s'associait harmonieusement à celui catalan. Les nôtres étaient tout autant présents que l'étaient des dizaines d'Asiatiques, d'Européens du Nord, et donnaient de la voix dans une exubérance, comble du paradoxe, à la limite de la chorégraphie. Moments de joie intense, de communion extraordinaire à donner la chair de poule même face au petit écran. Au coup de sifflet final et malgré l'importance de l'enjeu, de l'instant, aucun fan n'est entré sur le terrain, tout le monde attendait que commence le... spectacle, un autre spectacle : courts concerts de musique universelle, ensuite du terroir, éclairage genre «nuit américaine» et féerie des feux d'artifice, salve après salve annonçant l'entrée des joueurs, de ceux qui ont directement permis au Barça d'être champion et ceux qui, pour une raison ou une autre, y ont contribué. D'ailleurs, il n'y en aura pas uniquement pour les footballeurs, mais tout aussi pour les staffs technique, médical et administratif qui auront accompagné Pepe Guardiola ces deux dernières années, comme aura été salué le conseil d'administration du FCB, à sa tête Laporta. Et pendant ce temps-là, le Real Madrid souffrait face à la modeste formation de Malaga et se permettait même l'expulsion de l'un de ses joueurs alors qu'il était sur le banc de touche. C'est dire tout le gâchis d'une équipe qui a tout misé sur les plus grandes stars du football mondial pour ne terminer qu'à la deuxième place. La direction madrilène n'ayant pas retenu les enseignements de l'échec déjà enregistré avec les Galactiques, il y a cinq ans. Quoique, incontestablement essentiel artisan de la consécration catalane, Messi, avec son titre de picici (38 buts) mais aussi Soulier d'or européen, a fêté humblement ce titre parce qu'il reste certainement persuadé qu'un tel succès est dû au collectif et à la solidarité. Heureux sont nos compatriotes qui ont vécu l'instant et, sans nul doute, la folle nuit qui a suivi. A. L. 5e titre consécutif pour l'Inter L'Inter a obtenu hier son 18e titre de champion d'Italie, le cinquième consécutif, grâce à sa victoire à Sienne (0-1) lors de la 38e et dernière journée. Déjà vainqueur de la Coupe d'Italie, l'équipe de Jose Mourinho espère désormais réaliser un triplé historique car inédit en Italie, en disputant la finale de la Ligue des champions face au Bayern, le 22 mai à Madrid.