Photo : A. lemili La ville de Aïn Abid s'est quasi métamorphosée comparativement à la fin des années 1990 où sa réputation de commune mouroir (sans exagération) pour n'importe quelle raison gardait en état de veille constant l'intérêt des correspondants de presse locaux. En effet, déficit absolu d'AEP, coupures régulières d'électricité, absence de gaz naturel dans presque la moitié des foyers de la ville, des cités «ghettoïsées» et oubliées des pouvoirs publics, chômage, jeunesse livrée à elle-même et sans aucun moyen de distraction, tribalisme et recours à la vendetta comme ultime solution à un différend, qu'il ait pour origine le foncier ou les mœurs. En somme, l'endroit idéal pour verser dans la déprime et le désespoir. Au mois de mai dernier, un enfant de la ville fraîchement élu sénateur avait pris l'initiative d'intéresser les pouvoirs publics à Aïn Abid et avait pu obtenir, en saisissant l'opportunité du 8 Mai et le drame historique qui n'a pas épargné Aïn Abid du fait de sa relative proximité avec Oued Zenati et Guelma, théâtre des atrocités coloniales de l'époque, et celle du 19 mai, Journée nationale de l'étudiant pour y organiser un tournoi de football regroupant les anciens internationaux algériens, la sélection de l'est du pays, les vétérans de la ville et les écoles de jeunes de Aïn Abid et du Khroub. Un évènement qui a mis en effervescence les lieux et surtout suscité le déplacement et la présence sincère de nombreux élus des deux chambres représentant la wilaya, les journalistes, l'exécutif et plus particulièrement la grande foule, notamment les jeunes. Dans une atmosphère bon enfant, Drid, Bachi, Fendi, Khaine, Salhi et bien d'autres illustres footballeurs ont eu à mesurer leur immense popularité, mais aussi et surtout constaté de visu l'immense bonheur que vivait la population. D'autant plus que les habitants allaient pour la deuxième fois à la fête après l'accession de l'équipe locale de football en division supérieure. Les équipes ont évolué sur une pelouse de très bonne qualité et pour cause ! Elle était de la dernière génération et ce qui se fait de mieux en matière de synthétique. Toutefois, si celle-ci ne souffrait d'aucun commentaire, ce n'est pas le cas à la périphérie et qui devrait constituer tribunes et gradins pour la simple raison qu'il n'en existait pas : juste le squelette d'une rangée de gradins entamée et non achevée pour défaut de moyens de financement. Saïd R., le sénateur précédemment évoqué, nous dira à ce sujet : «Ce tournoi a été organisé pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité de dégager des enveloppes budgétaires pour l'achèvement de ce projet qui dispose, à l'heure actuelle, de 5 milliards de centimes qui, évidemment, sont nettement insuffisants.» B. Gharbi, DJS par intérim, voit les choses de la même manière : «Le montant disponible ne pourra en aucun cas suffire, et à notre sens, il vaudrait mieux éviter de lancer des travaux tant qu'il n'a pas été révisé. En tout état de cause, il est indéniable que des gradins soient réalisés pour la simple raison que le stade va accueillir une compétition en bonne et due forme et qu'il faudrait dans cette optique que toutes les conditions soient réunies pour son bon déroulement». Soulignons, enfin, l'importance que prend la ville de Aïn Abid aux yeux de l'exécutif sachant qu'il est sérieusement envisagé la réalisation d'une nouvelle ville dans la région, la troisième nouvelle ville après Ali Mendjeli et Massinissa. Elle accueille depuis plus de deux années déjà les nouvellement logés ou relogés de la ville de Constantine.