Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Le football algérien entre de plain-pied dans le monde de la professionnalisation. Un tournant important dans le sport national pourvu que cette dynamique soit impulsée aux autres disciplines. Mais est-ce à l'ordre du jour ? A partir du 25 septembre, le début du championnat national de football 2010-2011 aura une nouvelle saveur. Le premier championnat professionnel algérien. Né au forceps. Après l'ultimatum imposé par la FIFA à toutes les fédérations affiliées pour se conformer aux exigences du sport moderne, la professionnalisation avec un véritable cahier des charges pour les associations, un plan d'activité, de la rigueur et de la transparence dans la gestion sous peine de voir ces équipes nationales et ces clubs écartés des tournois internationaux, la FAF scelle, le 17 août 2010, la naissance d'une première division composée de 16 clubs ainsi que de deux championnats de seconde division, l'un professionnel et l'autre amateur. Que sous-entend la professionnalisation ? En plus de l'aspect organisationnel et structurel des associations sportives, dans ce cas de figure de football, ces entités doivent être d'abord organisées en SPA, soit en société par actions. Ce qui induit l'implication de sponsors privés. Des groupes industriels ou des hommes d'affaires décident de mettre une partie de leur argent pour le développement du club de leur cœur. Une opération qui n'est pas dénuée de tout intérêt pour le sponsor qui, dans le cas où il choisirait le bon club, aura un retour sur investissement non négligeable. C'est donc du gagnant-gagnant. Les bons résultats sportifs exigent du bon travail. Une préparation adéquate des compétiteurs est gourmande en moyens matériels. La participation de sponsors privés au développement des disciplines sportives n'est pas de trop. Mais a-t-on pensé, en Algérie, à favoriser le sponsoring privé de disciplines sportives autres que le football ? Rien ne semble être fait dans ce sens. Dans l'une de ses dernières interventions médiatiques, une interview accordée à un confrère, le Professeur Rachid Hanifi, président du Comité olympique algérien (COA), déclarait : «L'inconvénient avec le privé, c'est qu'il s'agit du donnant-donnant, du gagnant-gagnant. On ne peut évidement pas imposer au privé d'investir plus dans les autres disciplines que dans le football. On ne peut pas non plus demander au football de consacrer une partie de l'argent qu'il génère aux autres disciplines. La Fédération de football ne versera l'argent que pour la performance et le développement du football.» Il va de soi que les fédérations et autres associations sportives ne peuvent imposer au privé d'investir dans les disciplines qui ne les «branchent» pas. Mais, une chose est sûre, les hommes d'affaires et autres entrepreneurs, en procédant à une opération de sponsoring, visent un retour sur investissement. Il faut dire que le football est véritablement une machine médiatique indiscutable, mais en termes de résultats satisfaisants, des athlètes, des clubs et des équipes algériennes ont fait leurs preuves sur la scène internationale. On citera, dans ce cas, l'équipe nationale masculine et féminine de handball, les athlètes (demi-fond) de handisports, la boxe, le judo…Des disciplines qui séduisent les amateurs de sport, mais qui souffrent du manque de moyens, les subventions publiques n'arrivant pas, à elles seules, à relever davantage le niveau des pratiquants. Alors, comment faire pour que le professionnalisme naissant déborde du football vers les autres disciplines ? La réponse ne peut qu'être politique. Ce sont les institutions en charge qui doivent trouver des avantages à présenter aux sponsors pour les inciter à participer avec leur argent. La gestion d'une association sportive requiert également un minimum d'esprit d'initiative. Un président d'association devrait avoir au moins un carnet d'adresses utiles. Pour l'heure, rien n'est encore avancé sur ces options, ni sur la nécessité de professionnaliser les autres disciplines. Les athlètes attendront une décision des instances internationales, comme celle de la FIFA, pour que les fédérations locales daignent y penser. Ce n'est donc pas pour demain.