«Depuis le 14 juillet 2009, nous avons enregistré 81 dossiers relatifs à des erreurs médicales, dont trois cas de décès», informait, hier, Mlle Tamzaït Nadia, porte-parole du Comité SOS erreurs médicales, lors d'une conférence de presse animée au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). En l'absence de statistiques globales et fiables sur l'ampleur du phénomène en Algérie - certains annoncent une centaine de plaintes déposées par an - et d'études objectives décortiquant ses tenants et aboutissants, il reste urgent de se tourner vers les victimes de ces «accidents» afin d'atténuer un tant soit peu leur souffrance. La société algérienne étant, dans sa grande majorité, fataliste, l'erreur médicale est comprise plus comme un coup du sort, du destin, plutôt qu'une faute qui doit être suivie de sanctions ou du moins d'éclaircissements. «La législation en matière de gestion des erreurs médicales est satisfaisante. Mais ce sont les mécanismes de réparation qui posent problème,» insiste Me Mansouri Nadia, conseillère juridique du comité. L'avocate relève plusieurs imperfections, failles et parfois des irrégularités intensionnelles causées par les «fauteurs» (praticiens ou administration sanitaire) pour dissuader la victime de porter plainte ou alors pour «maquiller» les rapports et autres dossiers de santé des patients. «Tout le monde fuit ses responsabilités. Personne ne veut assumer l'erreur», peste-t-elle. C'est pour cette raison qu'elle lance un appel au ministère de la Santé afin de constituer des cellules de suivi de ces erreurs médicales et assumer la prise en charge, au moins médicale, de ces victimes. De son côté, Mlle Tamzaït souligne l'importance du suivi des patients. «Les victimes des erreurs médicales ne sont pas des lépreux qu'il faut absolument éjecter des salles d'hôpital», lance-t-elle, précisant qu'à plusieurs reprises, les membres du Comité ont dû lutter pour qu'une victime d'erreur médicale ne sorte pas abusivement de l'hôpital. «Certains paramédicaux provoquent ces malades pour les faire sortir. Ils sont une menace pour la réputation de l'hôpital, alors, il faut rapidement les en éloigner», soutient-elle avant de montrer des photos et dossiers de personnes ayant subi les affres de ces erreurs. De son côté, le président de la LADDH, Hocine Zahouane, a tenu à dénoncer la «dynamique commerciale que prend la médecine moderne» où l'argent coule à flots et le patient devient client. Pour Me Zahouane, la culture du «mektoub» (providence) doit laisser place à celle de la conscience et de la protection des droits. «Les erreurs médicales existent partout dans le monde et à tous les niveaux, mais il faut qu'il y ait un suivi des victimes, leur surveillance et des dédommagements. Il faut faire aussi la part des choses entre une erreur médicale et un crime médical commis par insouciance, laisser-aller et parfois mépris.» Réfutant l'argument de mauvaises conditions socioprofessionnelles dans lesquelles activent les médecins, il rappellera que la médecine est un sacerdoce ; elle exige un sacrifice particulier et ce n'est pas une science exacte. Les membres du Comité SOS erreurs médicales font appel à la société civile pour qu'elle prenne conscience de ces droit et de s'organiser pour les défendre, aux institutions de l'Etat pour garantir le suivi et la prise en charge des victimes et aux praticiens de la santé pour faire preuve de plus d'esprit de responsabilité et de rigueur dans le travail. Pour contacter le comité, appelez le 05 51 81 81 61. S. A.