Les ministres de l'Environnement de quarante-cinq Etats se sont réunis, jeudi dernier à Genève, pour débattre des moyens de réunir, à compter de 2020, les 100 milliards de dollars annuels nécessaires pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques. La réunion de Genève, d'une durée de deux jours, doit aussi permettre d'avancer, à plus court terme, sur les 30 milliards de dollars promis pour la période 2010-2012 lors du sommet de Copenhague, à la fin de l'année dernière. «Le financement est crucial» pour nouer des relations de confiance entre pays riches et pays pauvres, a déclaré à l'agence Reuters Christiana Figueres, nommée en mai secrétaire exécutive de la convention-cadre sur le changement climatique. La question financière, explique-t-elle, pourrait débloquer les autres dossiers, comme le partage des technologies «propres» ou la préservation des forêts - trappes naturelles à carbone -, lors de la prochaine réunion ministérielle, programmée à Cancun, au Mexique, entre le 29 novembre et le 10 décembre. «Le règlement de la question financière est une condition essentielle du succès des négociations à Cancun», a abondé le conseiller fédéral suisse à l'Environnement, Moritz Leuenberger.Mais depuis l'échec de Copenhague, les acteurs du dossier climat évitent tout excès d'optimisme. Et pour Christiana Figueres, il ne faut pas attendre de Cancun un nouveau traité sur le changement climatique, même si des événements récents comme les inondations au Pakistan ou la canicule en Russie constituent, dit-elle, des «sonnettes d'alarme» quant aux risques de l'inaction. «Je ne pense pas que les gouvernements envisagent (un traité) pour Cancun», dit-elle.«La solution ‘big bang' au changement climatique n'a pas eu lieu à Copenhague», rappelle-t-elle, jugeant plus réaliste un «processus graduel». «Il n'y a pas de formule magique et quelle que soit la prochaine étape, elle ne sera pas non plus une formule magique», ajoute-t-elle. L'étape prioritaire, et même vitale selon elle, serait que les nations développées puissent d'ici Cancun affecter 10 milliards de dollars à l'aide climatique pour 2010.Elle invite dans le même temps les pays en développement à faire preuve d'un peu de souplesse si la totalité de ces financements, contrairement à l'objectif affiché à Copenhague, ne sont pas des «fonds nouveaux et supplémentaires».«Il existe des raisons justifiables pour comprendre pourquoi ces allocations ne seront pas nouvelles à 100%», dit-elle en faisant allusion à la crise économique mondiale et aux politiques d'austérité budgétaire. Officiellement, sur les 30 milliards de dollars promis à Copenhague pour la période 2010-2012, le monde en est à 29,8 milliards de dollars. Mais, pour l'essentiel, il s'agit de vieilles promesses déguisées en nouvelles.Ainsi, les promesses du Japon dans le cadre des fonds «fast start» sont de loin les plus élevées - 15 milliards de dollars -, mais une bonne part de cette somme découle d'un «Partenariat pour refroidir la Terre» qui a fait l'objet d'un accord, voici déjà plusieurs années, et devait porter sur la période 2008-2012. Ces fonds dits «fast start» doivent permettre de prendre des mesures pour endiguer les inondations, atténuer l'impact des sécheresses et canicules, et lutter contre la hausse du niveau des mers. Des projets commencent à se mettre en place dans cette optique, du Népal au Mali.