Ils étaient quatre à faire trembler lundi dernier la salle de spectacle du Centre culturel français d'Alger ; quatre virtuoses musiciens qui semblent débarquer d'une autre époque ou d'un autre monde où le jazz règne en maître. Il s'agit de l'incroyable quartette du trompettiste de talent Alex Tassel et de son groupe. Le trompettiste et sa bande font leur entrée sur scène sous les applaudissements d'un public averti. Ie groupe accompagné de Laurent de Wilde au piano et de Julien Charlet à la batterie. Le leader du groupe s'excusera de l'absence du contrebassiste Diego Imbert, remplacé par un side-man. Il insistera sur le fait que le remplaçant avait été appelé à la dernière minute, ce qui n'a diminué en rien de la qualité de la formation. Le quartette s'est, en effet, révélé d'exception et ne laissera aucun spectateur indifférent. Chacun prend place avec son instrument et le quartette annonce le ton de la soirée dédiée au free jazz. Chacun excelle dans son domaine, cela saute aux yeux du public ébahi par tant de créativité et de savoir-faire. Sa musique teintée de diverses influences jazziques a fait sensation. Après deux morceaux en guise d'introduction, Alex donne le feu vert à ses coéquipiers qui se lâchent, notamment le batteur qui se livre à un drum solo tout simplement admirable. Le pianiste, pour sa part, s'acharne sur son clavier, alignant les notes avec agressivité. Quant au contrebassiste, il donne le rythme à ses deux collègues avant de se laisser aller sur un interminable solo. Le trompettiste, qui s'est retiré au début du morceau, revient sur le devant de la scène pour harmoniser les trois sons et corser l'ambiance. Alex Tassel Quartet servira par la suite des extraits de son dernier album Heads on tails. Sorti en 2010, ce double CD est conçu en deux parties distinctes, l'une acoustique et l'autre électrique. D'ailleurs, le public constatera par lui-même le penchant du quartette pour l'électro jazz, surtout avec la touche d'un pianiste disjoncté. Le quartette jouera, entre autres, les titres Freddie et ATD aux rythmes décapants. Le temps d'un titre, Julien Charlet épatera la foule en enflammant ses cymbales, suivi d'une improvisation à la trompette signée Alex Tassel. D'ailleurs, l'artiste accorde beaucoup d'importance au live et plusieurs critiques lui reconnaissent cette faculté à jouer aussi bien sur scène que dans un studio. Interrogé par un grand amateur de jazz sur ce style musical, Alex répondra que «le jazz est avant tout une improvisation». Son public relèvera cela durant presque les deux heures de show servies généreusement. Avec quatre «monstres» réunis, la soirée n'aurait pu être meilleure pour les nombreux spectateurs. A la fin du concert, le public gratifia les hôtes du CCF d'un tonnerre d'applaudissements qui intimida même le quartette. Pour le remercier de cet accueil, les quatre musiciens, passionnés jusqu'au bout, offriront un dernier titre en guise de présent. W. S.