De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La grève de l'administration de l'Ecole normale supérieure des enseignants de Constantine a paralysé, hier, l'institution. Près de cent gestionnaires occupant diverses fonctions (pédagogie et finances) ont observé un arrêt de travail, coïncidant avec leur pause de 11 heures, près de la bâtisse de la direction. Ils revendiquent plus de considération à leur égard, l'abolition de la politique du deux poids, deux mesures du directeur ainsi que des vacances scolaires «La direction, ou plutôt le directeur et son staff, devra changer son fusil d'épaule pour nous traiter en tant que tels ! Point de hogra, ni de mépris ou d'esclavagisme», se déchaîne une employée sous le couvert de l'anonymat de peur de représailles. Lui emboîtant le pas, une autre employée, parmi les 161 dont 54 vacataires que compte l'école, relèvera l'attitude désobligeante de la direction se traduisant souvent par «des mises à pied sans motif valable, quant la sanction n'est pas aggravée par des travaux supplémentaires durant l'expulsion». Les vacances scolaires constituent le nœud gordien et la goutte qui a fait déborder le vase, d'après les «grévistes». «Nous sommes affiliés au ministère de l'Enseignement supérieur, mais nous ne bénéficions pas de vacances comme cela se fait à l'université Mentouri. Cette situation dure depuis quelque temps, alors qu'auparavant, sous le règne de ce même directeur, nous n'en étions pas privés», fera remarquer une autre employée. Sur ce point précis, le conseiller et secrétaire général de l'établissement, M. Touami, justifie ce refus de vacances aux administrés par l'ordonnance ministérielle datée du 03/06, du 15 juillet 2006, stipulant que «le congé annuel est octroyé sur la période de travail accomplie au cours de la période de référence, qui s'étend du 1er juillet de l'année précédant le congé au 30 juin de l'année du congé». Comme l'administration n'est pas dissociée de la fonction publique, contrairement aux enseignants et étudiants, «l'Ecole normale supérieure ne détient aucune prérogative pour permettre aux employés de se classer dans la catégorie enseignants-étudiants». De son côté, le directeur estime illégal ce gel actionné sans préavis de la part du personnel de l'administration. «Je considère cet arrêt pour le moins irresponsable passible de sanctions», devait d'emblée confier M. Reghioua, responsable de l'ENS. Et d'ajouter : «L'école est adepte du sens du dialogue, mais les gestionnaires qui y travaillent ont préféré un boycott injustifié.» Se prononçant sur la revendication majeure du mouvement, à savoir les vacances de printemps, il met en relief, comme son secrétaire général, la réglementation émise par le ministère tout en reconnaissant qu'il «est des écoles, à Skikda ou à Oum El Bouaghi par exemple, qui accordent aux employés le repos comme pour les étudiants et les enseignants. Néanmoins, chaque établissement se distingue par sa spécificité». C'est justement cette différence qui est décriée par l'ensemble administratif de l'ENS de Constantine. Autrement dit, de leur avis, pourquoi Constantine fait-elle exception à cette mesure «souple» ? Sur autre registre, questionné sur les dépassements décriés par l'ensemble du personnel, M. Reghioua récuse en bloc ces allégations qu'il juge infondées, arguant que les travailleurs sont tenus d'accomplir leur tâche comme consignée dans la réglementation. «Nous nous remettons de la grève de dix-huit jours qui a perturbé l'institut. Il est normal que l'on rattrape le temps perdu. Mais aucun fonctionnaire n'est soumis à rude épreuve dans son travail journalier», explique le responsable de l'Ecole normale supérieure, ajoutant qu'il faut faire de cette école, qui compte 3 224 étudiants (dans sept spécialités) et couvrant la quasi-totalité du pays, un label. La direction compte recourir à des sanctions pour freiner le mouvement, alors que les travailleurs estiment être dans leur droit le plus absolu. «Nous avons actionné notre protestation durant la pause et nous avons tenté de prendre attache avec le directeur. Mais celui-ci nous a tout simplement méprisés», accusent-ils