De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La ville des Gênets, un ramassis hideux de béton, de ferraille, de goudron et d'ouvrages conçus au pif. Appeler ce gâchis «ville urbaine» est une véritable usurpation urbanistique et architecturale. L'ancienne ville n'est déjà qu'un souvenir lointain pour les personnes du troisième âge ! Elle a perdu tous ses repères d'hier et d'aujourd'hui, plus rien presque ne raconte son passé ni ne projette un hypothétique avenir. La population perd l'identité de son espace. La rue Abane Ramdane, communément désignée par «Grand-rue», ex- rue Beauprêtre à l'époque coloniale, en constitue l'exemple le plus frappant. Ce «passage obligé» de la population de Tizi Ouzou a été massacré au début de l'été 2004 pour y construire deux trémies qui ont plus empoisonné la vie des automobilistes et des piétons que de la leur faciliter. Le tout complètement défiguré sans apporter la moindre amélioration au vécu des Tizi-Ouzéens. La Vieille-Ville (haute ville, pour les anciens), vestige de plusieurs siècles, est abandonnée et la Nouvelle-Ville n'est même pas une cité-dortoir. Le jardin du cœur de la ville et ses alentours, le Square, est transformé en repaire de revendeurs au noir de portables, de tabacs et autres articles d'occasion. A l'échelle de tous les chefs-lieux urbains, le mot «jardin» ne signifie pas grand-chose pour les habitants, notamment la jeunesse retranchée dans ces quartiers de misère et de l'oisiveté. Les quelques rares jardins qui ont été sauvegardés sont abandonnés ou font l'objet d'une fermeture qui ne dit pas son nom. Et là où l'entretien et la sécurité font défaut, les gens, surtout les vieux, les enfants et les femmes, préfèrent ne pas s'y rendre, d'autant que ces endroits sont prisés par les dealers et autres amateurs de drogue et d'alcool. Ces lieux ont perdu leur vocation de havre de paix et de repos. Les amoureux s'y aventurent rarement, craignant la mauvaise réputation des sites pourtant dédiés au bien-être de tous. Dans certaines villes, les espaces verts et autres lieux publics sont attaqués par des bandes de trafiquants qui n'ont aucun respect pour la nature ou l'environnement, encore moins pour la propriété publique et collective. Les collectivités locales qui peinent à garantir aux administrés des rues propres et un ramassage régulier des ordures ménagères ne se manifestent qu'à l'occasion des campagnes électorales pour se pencher sur la question des loisirs et aires de détente, alors que les pouvoirs publics se désintéressent complètement du sujet, laissant les choses pourrir davantage dans toutes les localités de la région de Kabylie. Le peu de moyens et de budgets octroyés aux APC fait aussi que ce volet ne constitue pas une priorité pour les élus. Le secteur de la jeunesse et des sports ne connaît pas dans son ensemble un développement tangible au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou où les quelques infrastructures existantes ne font même pas l'objet d'un entretien sérieux. Des projets de salles polyvalentes et de stades lancés en grande pompe connaissent des prolongations de délais de réception importantes.Pour revenir au chef-lieu de wilaya, les deux jardins de la «ville» ont connu des travaux de réhabilitation et de rénovation durant le printemps 2008. Si le parc Colonel Mohand-Oulhadj a été livré avec le retard habituel, la livraison du jardin du square traîne toujours, pour cause, dit-on, de changement de choix de l'entreprise. Le jardin Colonel-Mohand-Oulhadj a donc été entièrement rénové. Une entreprise s'est chargée des aménagements et deux autres ont réalisé les ouvrages d'art. Œuvre de trois sociétés connues, à savoir l'ETRHB, la Sarl Bendjenna et l'Emifor. Sa rénovation, qui a enregistre six mois de plus dans le délai initial, a coûté environ 6,5 millions de dinars, selon une source officielle. Mais cela demeure très insuffisant.Y a-t-il quelque responsable qui s'intéresse aux jardins à Tizi Ouzou ?