Le cessez-le-feu observé par le Soudan du Sud, qui a retiré le week-end dernier ses troupes de la région pétrolifère de Heglig, risque d'être de courte durée. Khartoum refuse en fait de reprendre les pourparlers engagés avec Juba, dans le cadre de l'Accord de paix global signé à Doha en 2005. Le régime d'el-Béchir qui considère le nouvel Etat du sud comme un «ennemi», continue d'accuser le jeune gouvernement du président Salva Kiir de chercher à «ébranler sa stabilité». Le Soudan du Sud est ouvertement accusé de prêter main-forte aux rebelles séparatistes de Khartoum qui veulent se rallier au Sud. Une partie des populations des Etats frontaliers avec le Soudan du Sud veulent en effet rejoindre Juba, à l'exemple des Etats du Nil Bleu et du Kordofan-sud, un vœu auquel s'oppose Khartoum qui a déjà perdu 80% des réserves pétrolières qui constituent réellement la véritable raison de la reprise des combats récemment autour de Heglig. De nombreux analystes avaient averti dès les premiers jours de la proclamation officielle de l'indépendance du Soudan du Sud, contre une nouvelle guerre entre les anciens frères-ennemis autour du partage des richesses souterraines. A un an de la célébration du premier anniversaire de cette indépendance, le 9 juillet 2012, Khartoum semble décidé d'en découdre avec Juba qui prend à témoin la communauté internationale. Hier, les autorités sud-soudanaises ont accusé l'armée soudanaise d'avoir repris les bombardements à l'intérieur de leur territoire, tuant deux personnes et blessant d'autres, selon les médias présents sur place. Parallèlement, le président du Soudan a carrément affiché son intention d'aller vers une nouvelle guerre. «Pas de négociations avec ces gens (Sud-Soudanais)», avait déclaré Omar el-Béchir. «Avec eux, nous négocions avec des fusils et des balles», a-t-il ajouté. Ces propos ont été considérés par la communauté internationale comme une déclaration de guerre. L'ONU a donc averti les autorités de Khartoum contre une nouvelle escalade de la violence, appelant les deux parties à reprendre leurs pourparlers, qui devaient avoir lieu au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie. Les Etats-Unis ont aussi pris position en faveur de la paix et de la reprise des négociations, mais ils n'ont pas hésité à adresser leurs avertissements à Khartoum, dont le Président est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Omar el-Béchir est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans la région du Darfour où les groupes rebelles continuent de lutter contre les troupes soudanaises. De son côté l'Union européenne a appelé, via une déclaration de ses ministres des Affaires étrangères, les deux pays à «cesser immédiatement leurs attaques respectives sur le territoire de l'autre». En résumé, toute nouvelle tentative de Khartoum à mener des attaques sur le territoire sud-soudanais risque d'entraîner les deux pays vers une guerre. L. M.